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La féminisation alarmante de l'épidémie du VIH : un défi majeur en matière de santé publique et de droits des femmes

La féminisation alarmante de l'épidémie du VIH : un défi majeur en matière de santé publique et de droits des femmes
Jeudi 07 Mars 2024 - 14:30
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Alors que le Maroc se prépare à une réforme du Code de la famille, l'Association de lutte contre le sida (ALCS) attire l'attention sur un aspect alarmant de la situation sanitaire du pays : la féminisation de l'épidémie du VIH. Cette tendance inquiétante est étroitement liée aux multiples formes de violences subies par les femmes, y compris les filles mineures, et alimentée par des inégalités persistantes entre les genres.

En cette Journée internationale des droits des femmes, l'ALCS réaffirme son soutien aux revendications légitimes des militant·e·s des droits des femmes tout en soulignant l'importance cruciale de l'égalité entre les sexes dans la lutte contre les épidémies et la promotion de la santé publique.

Les statistiques fournies par le ministère de la Santé et de la Protection sociale mettent en lumière une évolution préoccupante : en 2023, près de la moitié (49%) des personnes vivant avec le VIH au Maroc étaient des femmes, contre seulement 18% en 1990. Cette augmentation significative reflète les profondes inégalités auxquelles les femmes marocaines sont confrontées, ainsi que les discriminations qui limitent leur accès aux droits fondamentaux tels que l'éducation, la santé et les opportunités économiques.

Ces inégalités, en particulier celles d'ordre juridique, exacerbent la vulnérabilité des femmes face au VIH en compromettant leur autonomie, leur capacité à prendre des décisions et leur sécurité. Par exemple, le risque de transmission du VIH lors de rapports sexuels non protégés est de 2 à 4 fois plus élevé pour les femmes que pour les hommes.

Les violences physiques et psychologiques à l'égard des femmes, à la fois cause et conséquence des inégalités de genre, contribuent également à nourrir l'épidémie du VIH. Ces violences, malheureusement endémiques au Maroc, touchent également les filles mineures, qui sont souvent victimes de mariages précoces. En effet, selon les données officielles, près de 13 000 autorisations de mariage ont été délivrées pour des filles mineures en 2022, une pratique qui expose ces jeunes filles à un risque accru d'infection par le VIH.

Enfin, la féminisation croissante de l'épidémie du VIH au Maroc souligne l'urgence d'adopter des mesures efficaces pour lutter contre les inégalités de genre et mettre fin aux violences faites aux femmes. En garantissant l'accès équitable aux services de santé, à l'éducation et à l'autonomisation économique, le Maroc peut progresser vers un avenir où toutes les femmes sont protégées contre le VIH et jouissent pleinement de leurs droits fondamentaux.


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