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Ports espagnols : l’union face au défi Tanger Med
Une décision qui résonne comme un électrochoc
La récente annonce de la compagnie danoise Maersk de privilégier Tanger Med pour relier l’Inde à la côte atlantique des États-Unis a suscité une onde de choc en Espagne. En contournant le port d’Algésiras, Maersk met en lumière la montée en puissance du port marocain, véritable hub stratégique de la Méditerranée, et provoque une remise en question des ports andalous.
Le choix de Maersk s’inscrit dans une logique d’optimisation des échanges commerciaux et, selon plusieurs experts, d’évitement des coûts supplémentaires liés aux nouvelles politiques environnementales de l’Union européenne. Ces règles, incluant la taxation des émissions polluantes des navires, renforcent l’attractivité de Tanger Med pour les compagnies maritimes.
Un appel à l’union des ports andalous
Face à cette menace commune, les ports espagnols ont décidé de resserrer les rangs. Lors du forum « L’économie andalouse depuis ses ports », le président de l’Autorité portuaire de la baie d’Algésiras, Gerardo Landaluce, a plaidé pour une mobilisation rapide et coordonnée. Comparant la situation à un paradoxe mécanique – « une Ferrari côté mer, mais une Simca 1000 côté terre » – il a insisté sur l’urgence de moderniser les infrastructures terrestres et ferroviaires.
Les ports andalous, traditionnellement en concurrence, entament désormais une collaboration inédite pour améliorer leur compétitivité face à Tanger Med. La présidente du port de Cadix, Teófila Martínez, a souligné : « Nos adversaires ne sont pas ici, mais au nord du Maroc. »
L’atout marocain : une combinaison de vision et de stratégie
En quelques années, Tanger Med est devenu un acteur majeur du commerce maritime mondial. Avec des infrastructures modernes, une gestion efficace et une position géographique stratégique, il attire les grandes compagnies maritimes. Premier port de la Méditerranée et troisième mondial en termes de connectivité, Tanger Med bénéficie également d’un environnement réglementaire et fiscal plus compétitif.
Le défi écologique, un levier de changement
La nouvelle réglementation européenne sur la décarbonation pèse lourdement sur les ports européens. Les taxes sur les émissions de CO₂, introduites dans le cadre du système d’échange de quotas d’émission (EU ETS), pourraient inciter d’autres compagnies à suivre l’exemple de Maersk.
Pour l’Espagne, la solution réside dans une double approche : investir massivement dans des infrastructures durables tout en consolidant la collaboration entre les ports régionaux. Rosario Soto, présidente du port d’Almería, a annoncé un plan d’investissement de 100 millions d’euros sur trois ans pour transformer son port en une plateforme plus compétitive.
Une rivalité qui redessine la carte maritime
La rivalité entre Tanger Med et les ports espagnols dépasse les simples enjeux économiques. Elle reflète une reconfiguration des routes maritimes mondiales, où les ports les mieux équipés et les plus adaptatifs prennent l’avantage.
Pour les ports espagnols, l’heure est à la reconquête. Mais face à un adversaire aussi redoutable que Tanger Med, le défi est de taille. Seule une stratégie commune et des investissements ciblés permettront de rééquilibrer les forces en Méditerranée.
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