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Le Maroc entre laïcité et identité islamique : le débat se ravive
Le débat sur la laïcité et l’identité religieuse du Maroc a pris une tournure inattendue avec les récentes déclarations du ministre des Habous et des Affaires islamiques, Ahmed Toufiq, et de l’ex-Premier ministre Abdelilah Benkirane. Alors que Toufiq affirmait que les Marocains étaient "laïques" dans leurs choix personnels de religion, Benkirane a vivement contesté cette idée en insistant sur le fait que le Maroc est un "Etat islamique", enraciné dans l’islam depuis des siècles.
Le ministre des Habous a expliqué qu’au cours d’une rencontre avec le ministre de l’Intérieur français, Bruno Retailleau, ce dernier lui avait posé la question suivante : "La laïcité vous choque-t-elle ?" La réponse de Toufiq a été claire : "Non, nous sommes laïques. Certes, nous n’avons pas de textes comme ceux de 1905 en France, mais chez nous, chacun est libre dans ses choix, car il n’y a pas de contrainte en religion." Selon le ministre, cette approche pourrait être vue comme une forme de laïcité, bien que différente de celle appliquée en France.
Mais cette position n’a pas tardé à susciter une réaction ferme du côté du Parti de la Justice et du Développement (PJD). Abdelilah Benkirane, secrétaire général du parti islamiste, a réagi en déclarant que le Maroc est "intrinsèquement un Etat islamique". Lors d’un meeting à Ouled Berhil, dans la province de Taroudant, il a souligné que le Maroc n’a jamais été ni ne sera jamais un Etat laïque. Selon lui, l'islam fait partie intégrante de l'identité marocaine, non seulement en tant que religion mais aussi dans sa dimension historique et politique, à travers le titre royal de "Commandeur des croyants", qui lie la monarchie et la religion.
Benkirane a insisté sur le fait que cette relation historique entre l’Etat et la religion est bien plus qu’une simple tradition : elle fait partie du fondement même de l'Etat marocain. Il a rappelé que le rôle du sultan Mohammed Ben Abdallah au XVIIIe siècle, par exemple, avait été déterminant pour l’éducation religieuse et pour la préservation des valeurs islamiques dans le pays.
Le clivage entre les deux figures politiques révèle des visions opposées sur la place de la religion dans la gouvernance du Maroc. D’un côté, Toufiq met en avant la liberté individuelle dans le choix religieux et laisse entendre que le Maroc pourrait être perçu comme un pays laïque dans un sens plus large, en raison de l’absence de contrainte sur les croyances. De l’autre, Benkirane défend une conception où l'islam et l’État sont indissociables, soulignant que la laïcité, telle qu'elle existe dans d’autres pays, n’a pas sa place dans le contexte marocain.
Ce débat relance la question de l’avenir politique du Maroc : comment concilier liberté religieuse et identité islamique dans un monde de plus en plus globalisé ? Alors que le Maroc continue de jouer un rôle majeur dans le monde arabe et au sein de la communauté internationale, ces échanges rappellent que la question de l’identité religieuse reste au cœur des débats sur la gouvernance du