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La réalité virtuelle comme antidote à la douleur
Immerger le patient au cœur d’une forêt enchantée pour contrer la douleur plutôt qu’augmenter les doses d’analgésiques ? C’est la proposition faite aux établissements de santé par Healthy Mind, start-up créée à Strasbourg par trois jeunes ingénieurs.
Issus de Mines Télécom, avec spécialisation Santé pour les deux premiers, Reda Khouadra, Malo Louvigné et Timothée Cabanne, 24 ans chacun, ont développé leur logiciel de réalité virtuelle tout en préparant leur master en administration des entreprises, en 2017, à l’Ecole de management de Strasbourg.
Labellisé dispositif médical, il leur a valu d’être primés par l’université d’Adélaïde (Australie) puis de figurer parmi les quinze lauréats, sur 388 candidats, d’un appel à manifestation d’intérêt “Hôpital du futur” lancé par l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP).
“Nous proposons un mode contemplatif, dans lequel le patient effectue un voyage guidé, et un mode interactif, dans lequel il peut jouer de la musique, faire de la peinture, résoudre une énigme”, explique Reda Khouadra, directeur général et concepteur des univers graphiques qu’il avait d’abord imaginés pour un proche souffrant d’une maladie chronique.
Jardin japonais, sous-bois peuplé d’animaux ou montagne enneigée dans lesquels on s’immerge en 3D et à 360°, les mondes animés qu’il “sculpte” suggèrent l’apaisement et le confort au travers des perspectives, textures, couleurs et ambiances sonores créées par Malo Louvigné, directeur technique.
L’intérêt des scientifiques pour la réalité virtuelle comme moyen de diminuer l’anxiété et la souffrance, au même titre que l’hypnose, remonte à une vingtaine d’années. L’Américain Hunter G. Hoffman, professeur à l’université de Washington, avait notamment démontré en 2000 ses bienfaits sur les grands brûlés.
Les neurosciences ont révélé que, si la douleur procédait de la remontée de signaux envoyés, depuis des récepteurs jusqu’au cerveau, celui-ci pouvait, en retour, sous l’effet d’autres sollicitations, envoyer des messages réduisant ou inhibant la souffrance.
L’évolution des technologies avec l’amélioration et la baisse de prix des casques de réalité virtuelle, mais aussi l’attention portée à la lutte contre la douleur, décrétée priorité de santé publique en France depuis 2004, expliquent l’intérêt que lui porte désormais l’hôpital.
“C’est un support qui apporte du confort au patient en permettant une diminution de l’anxiété et des doses d’antalgique”, affirme le docteur Olivier Ganansia, chef des urgences de l’hôpital Saint-Joseph, à Paris.
Le groupe privé à but non lucratif, premier acquéreur d’une licence Healthy Mind – l’achat de l’ordinateur et du casque reste à la charge de l’utilisateur – l’emploie pour les gestes douloureux tels que dé-luxation d’épaule, ponctions lombaires, sutures ou pose de sonde urinaire.
“La diminution des besoins en morphiniques et en narcotiques, qui ont beaucoup d’effets nuisibles, sera la préoccupation majeure en anesthésie dans les années qui viennent”, corrobore Catherine Bernard, médecin anesthésiste-réanimateur à l’hôpital Bicêtre qui pratique l’hypnose depuis sept ans.
“De manière complémentaire à l’hypnose, la réalité virtuelle peut proposer une ‘échappée belle’ passant par une immersion sensorielle”, ajoute-t-elle en soulignant le rôle des suggestions “thérapeutiques” - apportant sentiments de sécurité, de plaisir ou de confort - incluses dans les environnements créés par la jeune entreprise.
“Le patient, petit à petit, se calmait. On a vu sa tension baisser, son rythme cardiaque diminuer”, témoigne dans une vidéo le docteur Hélène de Solminihac, qui a expérimenté le logiciel dans l’unité de soins palliatifs qu’elle dirige, à la clinique Pasteur-Lanroze de Brest.
Avec la création de nouveaux univers, la prise en compte en temps réel, par le monde virtuel, des paramètres physiologiques du patient, ou biofeedback, fait partie des évolutions sur lesquelles travaille Healthy Mind, “mais les possibilités d’améliorations sont sans limites”, estime Timothée Cabanne, président de la société en évoquant les perspectives offertes par l’intelligence artificielle.
Source : Reuters