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Le monde suivra-t-il le modèle indien du BIG TECH ?
Peu après que l'Inde ait annoncé qu'elle interdisait 59 applications populaires chinoises pour téléphones portables, les observateurs ont constaté une forte augmentation du trafic vers un certain nombre d’applications alternatives d’origine indienne. Cette démarche devrait présenter un coup dur pour des entreprises comme ByteDance (propriétaire de TikTok), basée à Pékin, cette dernière à une capacité à personnaliser le contenu et sa valorisation est estimée à plus de 100 milliards de dollars. Les responsables indiens déclarent qu’il ne s'agit pas d'une critique contre les entreprises étrangères ni d'un plaidoyer en faveur du protectionnisme, au contraire, ils disent qu’ils sont juste préoccupés par le fait que de plus en plus dans la Big Tech "le jeu devient truqué". Et cela change la trajectoire future de toute une économie".
Il est certain que les principaux bénéficiaires de l'interdiction ont été les applications qui offrent les mêmes prestations et qui sont d’origine indienne et qui font concurrence à TikTok, l'application vidéo courte très populaire de ByteDance, qui a été regardée par 270 millions de personnes en Inde. Parmi ceux-ci figure Glance, qui se décrit comme la plus grande plateforme de contenu "made in India". Une présentation décrit sa mission comme étant de "s'attaquer aux grands géants des États-Unis et de la Chine". L'écran de son flux d'informations montre le Premier ministre Narendra Modi et Donald Trump s'embrassant lors de la visite du président américain en Inde en février. Naveen Tewari, propriétaire de Glance, a déclaré que l'entreprise a atteint les 100 millions d'utilisateurs actifs par jour dans un temps "probablement le plus rapide jamais enregistré" après l'annonce de l'interdiction des applications chinoises.
D'autres investisseurs décrivent les nombres d'utilisateurs qui sont passés de quelques 100 000 à des dizaines de millions en 48 heures pour certaines applications, grâce au vide soudain laissé par le départ de TikTok et d'autres concurrents chinois. Quoi qu'il en soit, l'expérience indienne est suivie par les entrepreneurs et les investisseurs du monde entier, à la recherche d'indices pour l'avenir, tant au niveau local que plus lointain, à un moment où l'influence de la technologie s'accélère partout. Parce que la technologie est souvent une affaire d'effets de réseau - les Facebooks et les WeChats de ce monde deviennent plus puissants et plus populaires au fur et à mesure que le nombre d'utilisateurs augmente - son pouvoir tend à s'autorenforcer. La part de marché est essentielle et, à partir d'un certain point, la barre d'entrée peut s'élever rapidement.
Cependant, certains disent que l'échelle importe moins que la capacité à innover. C'est certainement ainsi que la situation a évolué pour certains nouveaux entrants en Chine. Il y a quelques années, il aurait été impossible de prédire que le site de commerce électronique Pinduoduo gagnerait des parts de marché sur Alibaba, ou que ByteDance détournerait les yeux de la messagerie WeChat et de l'application de commerce électronique de Tencent. Un danger potentiel est que les investisseurs et les décideurs politiques tirent des conclusions erronées d'une comparaison entre la Chine et l'Inde. Les étrangers voient la Chine comme un marché fermé et pensent à tort qu'elle n'est pas compétitive. Mais un investisseur en capital-risque basé à Singapour a déclaré qu'il manquait un point important. "Parce que la Chine est fermée, il est plus facile pour une start-up de prendre de la valeur et de se développer", a-t-il déclaré. L'Inde, en revanche, est considérée comme beaucoup plus ouverte aux étrangers : Amazon et Facebook sont largement utilisés, ce qui rend difficile l'accès des nouveaux venus. Cela peut conduire à des politiques protectionnistes, motivées par un mélange de géopolitique et d'influence des intérêts locaux. Il n'existe pas de politique idéale entre le local et l'international, entre le grand et le petit ; toutes impliquent des compromis.