X

Afsud: Ramaphosa face à la grogne des syndicats

Afsud: Ramaphosa face à la grogne des syndicats
Vendredi 28 Février 2020 - 12:30
Zoom

L’Afrique du Sud, pays foudroyé par une crise économique d’envergure, semble plus que jamais au bord de l’implosion sociale suite à la décision du gouvernement de réduire les salaires du secteur public.

La mauvaise nouvelle que les Sud-Africains redoutaient depuis des mois est finalement tombée. Mercredi, devant le parlement du pays, le ministre des Finances, Tito Mboweni, a annoncé que le gouvernement, dirigé par le Congrès National Africain (ANC), est contraint de réduire la masse salariale pour assainir les finances publiques poussées à l’extrême notamment par les nombreux plans de sauvetage mis à la disposition des entreprises publiques au bord de l’effondrement.

« Les syndicats comprennent où nous sommes à présent », a dit l’argentier sud-africain, ajoutant que le gouvernement devra entamer des négociations avec les syndicats sur les moyens de mettre en œuvre la réduction de la masse salariale.

Le plan devra sabrer 160 milliards de rands (1 dollar US = environ 14,50 rands) du budget des administrations nationales et provinciales et d’autres organismes publics.

La décision met le président Cyril Ramaphosa dans une confrontation directe avec les syndicats qui avaient joué un rôle clé pour le propulser au pouvoir en 2018 en remplacement de Jacob Zuma, emporté par une série de scandales politico-financiers.

Le puissant Congrès des syndicats sud-africains (Cosatu) a été très virulent dans sa réaction au plan du gouvernement, le qualifiant de « provocateur ».

Ramaphosa sait qu’il ne doit pas sous-estimer la réaction d’une centrale qui compte des millions d’adhérents et qui fait, surtout, partie d’une alliance tripartite aux côtés du parti communiste et de l’ANC, ayant permis au parti de l’icône Nelson Mandela de se maintenir au pouvoir depuis la fin de l’apartheid en 1994.

« Le Cosatu reconnaît l’ampleur de la crise fiscale du pays », a dit Matthew Parks, coordinateur parlementaire de la centrale, accusant l’ANC d’échec de prendre au sérieux les propositions faites pour sauver le pays de la crise.

Le budget présenté par le ministre des Finances représente « une attaque contre les employés », a-t-il dit, soulignant que le soutien du Cosatu à l’ANC « n’est pas un chèque en blanc ».

Le budget gouvernemental vient raviver une tension déjà latente. Avant la présentation du budget, plusieurs syndicats ont brandi la menace de descendre dans les rues et paralyser le pays après avoir appris que le gouvernement entend renoncer à un accord sur les salaires, conclu en 2018.

Selon les syndicats, des responsables gouvernementaux les ont informés que le gouvernement est incapable de procéder à des augmentations des salaires du secteur public conformément à l’accord. Ces augmentations devaient entrer en vigueur dès le mois d’avril prochain.

Les mesures contenues dans le discours du ministre des Finances sont sous-tendues par le souci de préserver la dernière note souveraine du pays, maintenue par l’agence Moody’s à un cran du niveau spéculatif avec perspective négative.

Moody’s est la dernière des trois principales agences qui maintient la note sud-africaine au niveau investissement. Les deux autres agences, Fitch et Standard & Poor’s, avaient déjà relégué l’Afrique du sud dans la catégorie spéculative en 2017.

La perte de la note Moody’s est porteuse de nombreux périls pour l’Afrique du Sud. Elle devrait notamment provoquer une fuite d’investissements estimés à plus de 15 milliards de dollars, selon la Mellon Corp, un groupe bancaire basé à New York.

Plus que la préservation de la note sud-africaine, les mesures contenues dans le budget du pays renvoient sur le précipice financier dans lequel cette puissance économique continentale se trouve embourbée.

Mboweni a fait savoir que le déficit budgétaire devrait atteindre 6,8 pc du PIB en 2020-21 contre 6,5 lors de l’exercice actuel.

Il a également indiqué que la dette publique devra continuer à s’aggraver durant les trois prochaines années pour atteindre 71,6 pc du PIB en 2022-23, avec une forte hausse du service de la dette.

Dans la foulée, la trésorerie a revu à la baisse ses prévisions de croissance du PIB à 0,9 pc en 2020 contre une prévision initiale de 1,2 pc.

De l’avis même de Ramaphosa, l’Afrique du Sud est dans une situation pour le moins grave. La dette publique atteint des niveaux insoutenables et l’économie n’a pas renoué avec une croissance significative depuis une décennie, avait-t-il déploré devant les parlementaires lors de son discours annuel sur l’état de la Nation.

Il s’agit d’une conclusion aux allures d’un constat d’échec pour un homme qui aura tout tenté, depuis son arrivée au pouvoir, pour faire sortir le pays de sa léthargie.

Source : MAP 


Lire la suite