Batteries vertes à Mohammedia : un projet sino-marocain pour électriser l’industrie africaine

La ville de Mohammedia accueille une future unité stratégique dédiée aux matériaux pour batteries, soutenue par la Chine. Ce projet, porté par Zhongwei New Materials et la Banque de construction du Hunan, incarne une nouvelle étape dans la coopération sino-africaine orientée vers l’industrie verte et l’innovation.

En marge de la quatrième édition de l’Exposition économique et commerciale sino-africaine (SAEEC), un accord de financement structurant a été signé entre la succursale provinciale de la Banque de construction de Chine (CCB) dans le Hunan et l’entreprise Zhongwei New Materials. L’objectif : établir à Mohammedia, au Maroc, une unité de production de matériaux cathodiques essentiels à la fabrication de batteries pour véhicules électriques, notamment à base de nickel, de cobalt et de manganèse.

Ce partenariat s’inscrit dans une dynamique de transformation industrielle à l’échelle du continent. Le projet marocain est l’un des premiers à bénéficier d’un montage financier innovant mêlant devises multiples, produits hybrides et services bancaires intégrés, conçus pour accompagner l’expansion des chaînes de valeur technologiques africaines.

Un projet industriel à double ancrage stratégique

Zhongwei, acteur majeur du secteur des matériaux pour batteries, souhaite faire du site de Mohammedia une plateforme régionale d’exportation vers les marchés européen et africain. Cette ambition est soutenue à la fois par la municipalité de Shanghai, où l’entreprise est basée, et par les autorités de la région Casablanca-Settat, qui misent sur les énergies renouvelables comme levier de développement économique.

Cette initiative s’aligne sur les priorités du Maroc en matière de transition énergétique et de souveraineté industrielle, tout en répondant à la demande croissante en solutions de mobilité propre.

Une vision partagée de l’industrialisation durable

Lors de la signature de l’accord à Changsha, le vice-gouverneur de la CCB, Ji Zhihong, a souligné le changement d’approche de la banque en Afrique : « Nous passons d’une logique de simple commerce à celle de la co-construction industrielle. » Il a également mis en avant les ambitions de la CCB dans des domaines tels que le financement d’infrastructures critiques, l’épargne verte, les crédits carbone et le soutien aux technologies propres.

À travers son programme baptisé Plan de capacitation des petites entreprises africaines, la banque chinoise prévoit d’offrir aux PME locales des instruments d’analyse, des crédits sur mesure et des garanties financières, afin de favoriser leur intégration dans les chaînes de production bas carbone.

Une coopération sino-africaine qui se structure autour des ressources stratégiques

La signature de cet accord s’est déroulée dans un cadre plus large, celui de l’Exposition sino-africaine de Changsha, devenue depuis 2019 une vitrine majeure du dialogue économique entre la Chine et le continent africain. L’édition 2025 a réuni plus de 30 000 participants, représentant 53 pays africains et plusieurs organisations régionales, sous le thème « Construire en commun, progresser vers la modernité ».

La CCB, qui dispose déjà de représentations à Casablanca, Johannesburg, Nairobi et Paris, voit dans ce projet marocain un jalon crucial de son expansion internationale. Il s’agit également d’un exemple concret de son ambition de soutenir une intégration monétaire et industrielle fonctionnelle à l’échelle du continent africain.

À travers cette future unité de production à Mohammedia, le Maroc confirme son rôle de hub industriel et énergétique au service de la transition verte. Le soutien chinois, par son ampleur et sa sophistication financière, témoigne d’un changement d’échelle dans les relations sino-africaines : un passage de la simple coopération économique à une co-construction industrielle et technologique à long terme.