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Fès-Meknès face à la crise hydrique : le dessalement des eaux saumâtres comme solution stratégique

Fès-Meknès face à la crise hydrique : le dessalement des eaux saumâtres comme solution stratégique
Jeudi 03 - 08:55
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La région de Fès-Meknès, au Maroc, est en proie à une crise hydrique sans précédent. L’augmentation de la population, l'urbanisation rapide, et des phénomènes climatiques extrêmes exacerbent le stress sur les ressources en eau. Dans ce contexte, le ministère de l’Équipement et de l’Eau envisage le dessalement des eaux saumâtres comme une solution viable pour sécuriser l’approvisionnement en eau de cette région éloignée des côtes.

Une crise hydrique alarmante

La pression hydrique à Fès-Meknès a atteint des niveaux critiques, particulièrement accentuée par des sécheresses récurrentes et des variations climatiques de plus en plus imprévisibles. Actuellement, la principale source d'approvisionnement en eau de la région provient des nappes phréatiques, qui sont fortement surexploitées. En 2018, le bassin hydraulique de Sebou, qui alimente cette région, faisait déjà face à un déficit de 136,9 millions de m³ d’eau par an. Ce chiffre est probablement en augmentation en raison des besoins accrus liés à l'agriculture, à l'industrie, et au secteur touristique.

La situation est telle que le ministère de l’Eau a lancé plusieurs études pour explorer des solutions alternatives, dont le dessalement, afin d’assurer un approvisionnement durable en eau pour les villes de Fès et Meknès.

Le bassin de Sebou : une ressource sous pression

Le bassin hydraulique de Sebou est d'une importance cruciale, avec une capacité exploitable estimée à 1,11 milliard de m³ par an. Cependant, il subit une pression croissante, en partie due à la surexploitation pour l'agriculture intensive et au développement socio-économique. Malgré les efforts pour alimenter la région à partir du barrage d’Idriss 1er, ces solutions ne suffisent pas à répondre aux besoins à long terme.

Le dessalement : une option à considérer

Dans le contexte de Fès-Meknès, le recours au dessalement se distingue par sa pertinence. Contrairement à d'autres régions côtières comme Casablanca et Dakhla, où le dessalement de l’eau de mer est déjà envisagé ou en cours, la distance de plus de 150 kilomètres à la mer rend cette option peu viable pour Fès-Meknès. En revanche, le traitement des eaux saumâtres ou des nappes souterraines à forte salinité pourrait constituer une alternative prometteuse.

Bien que cette technologie soit moins courante que le dessalement de l’eau de mer, elle est déjà utilisée dans plusieurs régions du monde. En outre, le dessalement des eaux saumâtres nécessite moins d’énergie, ce qui pourrait le rendre plus adapté à la région.

Études de faisabilité en cours

Pour déterminer la viabilité du dessalement à Fès-Meknès, plusieurs études sont actuellement en cours. Elles visent à évaluer les besoins en eau de la région à court, moyen et long termes, en tenant compte des demandes des différents secteurs (potable, industriel et touristique). Ces études permettront également d’évaluer si l’extension des stations de dessalement existantes, comme celle de Rabat, pourrait suffire ou si de nouvelles infrastructures doivent être mises en place.

Un modèle technico-financier sera également élaboré pour comparer les coûts de différentes options, y compris les interconnexions de barrages, qui pourraient temporairement compenser la demande en eau.

Des exemples inspirants : la station de Dakhla

L'exemple de la station de dessalement en construction à Dakhla, qui devrait fournir 37 millions de m³ d’eau par an, dont 7 millions pour l'eau potable, pourrait servir de modèle. Bien que cette station traite l’eau de mer, elle illustre que des infrastructures de grande envergure peuvent être développées pour sécuriser les ressources hydriques d’une région.

Cependant, pour Fès-Meknès, la faisabilité du dessalement des eaux saumâtres doit encore être confirmée par des études qui prendront en compte les coûts de production, les infrastructures nécessaires, et l'impact environnemental.


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