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France-Rwanda : la normalisation en marche 24 ans après le génocide
La normalisation des relations entre Paris et Kigali est en marche, près d'un quart de siècle après le génocide au Rwanda, mais elle "prendra sans doute du temps". C'est le message qu'a fait passer Emmanuel Macron à son homologue Paul Kagame, reçu mercredi 23 mai à l'Elysée pour la première fois depuis 2011.
Il n'est pas question encore pour la France de rouvrir une ambassade au Rwanda, mais Emmanuel Macron a tout de même fait un geste en soutenant la candidature rwandaise à l'Organisation internationale de la Francophonie :
"S'il y a une candidature africaine au poste de Secrétaire général de la Francophonie, elle aurait beaucoup de sens. Si cette candidature était africaine et féminine, elle aurait encore plus de sens. Et donc à ce titre, je crois que la ministre des affaires étrangères du Rwanda, Louise Mushikiwabo, a toutes les compétences et tous les titres pour exercer en effet cette fonction."
Sans revenir sur les blessures du passé, le président rwandais a insisté sur le rôle qu'il voit jouer à la France en Afrique, un rôle "complémentaire" de "soutien", notamment dans le domaine de la sécurité. Louant la "disponibilité" d'Emmanuel Macron, il a prôné "une nouvelle approche qui correspond à une nouvelle époque".
Paul Kagame s'appuie pour cela sur ses responsabilités de président en exercice de l'Union africaine, dont il entend réformer la gestion des crises, comme celles en RD Congo ou au Sahel.
Très impliqué dans le dossier sahélien et la lutte contre les groupes djihadistes qui y sont actifs, Emmanuel Macron a annoncé sa participation au sommet de l'UA début juillet à Nouakchott. Il pourrait se rendre dans la foulée au Nigeria, le géant anglophone d'Afrique de l'Ouest.
Les relations entre Paris et Kigali sont tendues depuis le génocide de 1994 qui a fait 800.000 morts selon l'ONU.
Arrivé au pouvoir après le génocide, Paul Kagame avait accusé les autorités françaises d'avoir soutenu le pouvoir hutu et d'avoir ainsi été actrices des tueries.
Paris a toujours démenti toute implication dans le génocide de 1994. Mais en 2010, le président Nicolas Sarkozy avait reconnu lors d'un déplacement à Kigali de "graves erreurs d'appréciation" de Paris et une "forme d'aveuglement", sans toutefois présenter d'excuses.
Les relations bilatérales s'étaient ensuite de nouveau dégradées en raison des procédures judiciaires en cours, et la France n'a plus d'ambassadeur à Kigali depuis 2015.
Pour le président français, "l'enjeu fondamental" est désormais de "mener un travail apaisé" sur "la place du génocide des Tutsis dans notre mémoire collective".
"Un groupe de chercheurs sera constitué dans les mois à venir" pour "faire progresser notre connaissance sur l'un des pires drames de la fin du XXe siècle", a-t-il annoncé sans entrer dans les détails.
Parallèlement, il a souhaité que se poursuive "le travail de déclassification" des archives officielles sur cette période qui a été engagé ces dernières années.
Agences : AFP