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Gabon : plongé dans le noir, le pays s’impatiente

Gabon : plongé dans le noir, le pays s’impatiente
17:30
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Le Gabon, frappé par des coupures d’électricité quotidiennes depuis plusieurs semaines, est confronté à une crise énergétique de plus en plus préoccupante. Les habitants, les entreprises et même les institutions publiques et privées sont durement touchés. En dépit des promesses de réformes et des mesures d’urgence évoquées par le président Brice Clotaire Oligui Nguema, la situation reste inchangée.

Dans un message publié sur Facebook, le président gabonais a tenté de rassurer la population en annonçant l’acquisition de nouveaux groupes électrogènes de 1500 Kva et 850 Kva, ainsi qu'un partenariat avec Kar Powership pour fournir 70 MW à Libreville d'ici cinq jours, à un coût réduit. "Nous héritons d’un système fragile où les infrastructures fonctionnent à flux tendu, mais je reste déterminé à améliorer l’accès à l’électricité pour tous les Gabonais", a-t-il expliqué.

Malgré ces initiatives, les coupures de courant continuent de perturber la vie quotidienne. À l’Université Omar Bongo, dans le département des Lettres modernes, des étudiants se retrouvent incapables de tenir leurs réunions en raison de la chaleur étouffante et de l'absence d’électricité. "Depuis un mois, nous vivons avec des coupures incessantes. Cela fait trois heures que nous n’avons plus d’électricité, et cela affecte nos travaux", déplore Ismaël Zoko Diakité, secrétaire général du Cercle de réflexion des étudiants.

Initialement, les coupures étaient programmées la nuit, de 23 heures à 4 heures du matin. Mais avec le temps, elles se sont généralisées et étendues tout au long de la journée, entraînant des pertes économiques considérables. Edou, propriétaire d’une imprimerie universitaire, témoigne : "Notre activité est paralysée. Si les coupures durent quatre heures, nous perdons non seulement de l’argent, mais aussi des machines."

Les autorités pointent un manque de capacité de production de la SEEG, l’entreprise en charge de la distribution d’électricité, et l’âge avancé de ses infrastructures, vieillissantes de plus de 40 ans. Mais la vétusté du matériel n’est pas le seul problème. Des sources internes à la SEEG révèlent que les menaces à l’encontre des employés sont de plus en plus fréquentes, exacerbant les difficultés du personnel sur le terrain. Firmin Panzou Ngoubou, un agent de la SEEG, déplore : "Il faut un renouvellement absolu des ouvrages pour permettre une reprise de la maintenance. Aujourd’hui, nous vivons les mêmes coupures que la population."

Le gouvernement gabonais semble également faire face à une mauvaise gestion des investissements. L’année dernière, 14 groupes électrogènes ont été acquis pour un coût total de 3 milliards de F CFA, mais 10 d’entre eux n'ont pu être utilisés, faute de compatibilité avec le système existant. Ce scandale de gabegie alimente la frustration de la population et des syndicats.

Face à cette situation, le porte-parole du syndicat du personnel des secteurs eau et électricité de la SEEG a appelé à une collaboration étroite entre les autorités et les partenaires sociaux pour trouver des solutions durables. "Il est essentiel de mettre en place un véritable dialogue pour sortir de cette impasse", a-t-il souligné.

Le ministre gabonais de l’Énergie, Davin Akouré, a présenté des excuses aux populations affectées, tout en reconnaissant la difficulté de la situation. "Nous sommes conscients de cette difficulté. Donnez-nous un peu de temps pour résoudre ces problèmes et améliorer le quotidien des Gabonais", a-t-il imploré, ajoutant que des efforts soutenus seront nécessaires pour surmonter cette crise.

Lors d'une rencontre avec le président Oligui Nguema le 6 février, des solutions ont été évoquées : le renouvellement et la maintenance des équipements existants, la mise en place de structures d’appoint à court et long terme, ainsi que la construction du grand barrage de Booué, un projet censé améliorer de manière significative l’approvisionnement en énergie du pays.

En attendant, le Gabon semble loin de sortir de la crise énergétique qui paralyse son développement et déstabilise la vie de ses citoyens.

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