HCP : Le secteur informel représente désormais moins de 11 % de la production nationale

Le poids du secteur informel dans l’économie marocaine poursuit sa baisse. Selon les derniers résultats de l’Enquête nationale sur les unités de production informelles (UPI) menée par le Haut-Commissariat au Plan (HCP) pour 2023/2024, la contribution du secteur informel à la production nationale, hors agriculture et administration publique, s’est établie à 10,9 % en 2023, contre 15 % en 2014.

Cette baisse relative intervient alors même que la production informelle a progressé en valeur absolue, atteignant 226,3 milliards de dirhams en 2023, soit une hausse de 22,3 % sur la période étudiée. Le chiffre d’affaires du secteur a également crû, passant de 409,4 à 526,9 milliards de dirhams, ce qui représente une progression de 28,7 %, bien que modérée, avec un taux de croissance annuel moyen de 2,6 %.

Le commerce reste la principale composante du tissu informel, bien que sa part dans la production soit passée de 34,7 % en 2014 à 30 % en 2023. En parallèle, les services gagnent du terrain et représentent désormais 24 % de la production informelle, contre 18,6 % neuf ans plus tôt. Le secteur du bâtiment et travaux publics (BTP) reste stable autour de 18,4 %, tandis que l’industrie recule légèrement à 27,7 %.

Au sein de l’industrie, une transformation des activités est observée. L’agroalimentaire y prend une place croissante (49,2 % en 2023 contre 36,2 % en 2014), alors que le textile et l’habillement déclinent fortement (16 % contre 27,7 %). Dans les services, le transport (37,2 %) et la restauration/hôtellerie (29,4 %) dominent, tandis que le commerce de détail constitue toujours l’essentiel de l’activité commerciale (63,9 %).

La valeur ajoutée générée par le secteur informel s’élève à 138,97 milliards de dirhams en 2023, en hausse par rapport aux 103,34 milliards enregistrés en 2014, soit une croissance annuelle moyenne de 3,06 %. Cependant, sa part dans la valeur ajoutée nationale, hors agriculture et administration publique, recule de 16,6 % à 13,6 %.

Le commerce reste le plus grand contributeur à cette valeur ajoutée avec 38,9 %, mais en baisse, tandis que les services (25,6 %) et le BTP (14,8 %) voient leur poids augmenter. L’industrie passe, elle, de 22,8 % à 20,8 %.

En moyenne, une UPI génère une valeur ajoutée de 68.499 dirhams, mais ce chiffre masque de fortes disparités : les 20 % d’unités les plus productives concentrent 65,4 % de la valeur totale. La productivité par actif atteint 54.930 dirhams, avec des écarts notables selon les secteurs : 75.707 DH dans l’industrie, 66.199 DH dans le BTP, contre 48.368 DH dans le commerce et 48.727 DH dans les services.

L’étude révèle un changement notable dans les circuits d’approvisionnement. Alors que 70,9 % des achats provenaient du secteur informel en 2014, ce chiffre a chuté à 57 % en 2023. À l’inverse, les achats effectués auprès du secteur formel ont presque doublé, atteignant 33,7 % contre 18,2 % auparavant.

En termes de débouchés, 79,5 % de la production informelle est destinée à la consommation des ménages, une proportion en légère hausse. Les ventes au secteur formel progressent également (2,4 % contre 0,5 % en 2014), tandis que celles au secteur informel diminuent (17,7 % contre 21,3 %).

Réalisée auprès d’un échantillon de 12.391 unités, l’enquête du HCP a couvert une période d’un an, d’avril 2023 à mars 2024, pour mieux tenir compte des variations saisonnières. Elle vise à mettre à jour la cartographie du secteur informel marocain, à cerner ses modes de fonctionnement et à évaluer sa contribution à l’économie et à l’emploi.

La tendance dégagée par cette édition montre une formalisation progressive de l’économie nationale. Si le secteur informel conserve une place importante, son recul relatif souligne les mutations structurelles à l’œuvre dans le tissu productif marocain.