La Chine dévoile une campagne de propagande contre les tarifs de Trump

La Chine utilise son vaste appareil de propagande pour riposter contre les tarifs américains, lançant une série de vidéos employant des images de la Guerre froide pour dénoncer ce qu’elle perçoit comme des actions "impérialistes" et envoyer un message clair : céder face au harcèlement est dangereux, et Pékin ne reculera pas.

Le gouvernement chinois a montré peu de retenue pour exprimer sa colère face aux tarifs, qu’il considère comme une tentative de harcèlement à son égard. Selon les responsables chinois, ces mesures commerciales, dont les tarifs de 145 % imposés par le président Donald Trump, ne feront rien pour résoudre les véritables problèmes tels que la crise des opioïdes ou l’ascension rapide de l’économie chinoise en tant que deuxième puissance économique mondiale.

L’un des exemples les plus marquants de ce message a été publié mardi, lorsque le ministère des Affaires étrangères chinois a diffusé une vidéo sur ses plateformes de médias sociaux. La vidéo, narrée en anglais avec un accent américain, compare la soumission aux tarifs américains à "boire du poison". Sur des images montrant un MiG-15 abattant un avion américain pendant la guerre de Corée, la narration met en avant le fait que "la Chine ne s’agenouillera pas" et que se tenir debout pour soi-même préserve la possibilité de coopération, tandis que la compromission l’éteint. La vidéo dénonce également l’impérialisme, en affirmant que les impérialistes ne montrent de raison que lorsqu’ils sont contraints de le faire.

Dans un registre similaire, le principal diplomate chinois, Wang Yi, a décrit la politique commerciale de Trump comme "le retour ouvert de la loi de la jungle" lors d’une rencontre avec des ministres des Affaires étrangères de pays en développement au Brésil lundi. Il a averti que le silence ou le compromis ne ferait qu’encourager davantage le "bully" (harceleur), soulignant la conviction de la Chine que céder à cette pression affaiblirait sa position dans les négociations futures et permettrait à Trump d’imposer des termes encore plus contraignants par la suite.

Le message "Ne vous agenouillez pas" est clairement conçu pour résonner auprès des audiences domestiques et internationales. Pour la Chine, l’idée est que maintenir sa position face aux tarifs américains empêchera un affaiblissement supplémentaire de sa place sur la scène mondiale. Parallèlement, le public chinois, souvent soumis à une censure stricte sur des sujets sensibles comme les droits de l’homme, reçoit une pluie de mèmes et de vidéos musicales qui critiquent les actions américaines.

Une chanson populaire sur Douyin (l’équivalent chinois de TikTok) se moque des tarifs avec des paroles telles que "Le Roi a imposé de nouveaux tarifs ! Paysans, paysans, écoutez !" La chanson fait référence aux propos du vice-président américain J.D. Vance, qui avait qualifié plus tôt ce mois-ci les Chinois de "paysans". La chanson évoque également les tarifs américains appliqués à des îles antarctiques inhabitées, soulignant l’absurdité des mesures commerciales.

Sur des plateformes de médias sociaux comme WeChat, les mèmes continuent de proliférer. Une image générée par IA montre des figures américaines telles que Donald Trump, Vance et le PDG de Tesla, Elon Musk, en train d’assembler des baskets bon marché et des tongs dans une usine, tandis qu’une autre le montre aux côtés du groin d’un cochon. Ces messages visuels exploitent le ressentiment ressenti par de nombreux Chinois face à ce qu'ils considèrent comme des mesures commerciales injustes.

Cependant, la campagne n’est pas sans critiques. Sur Zhihu, l’équivalent chinois de Quora, certains utilisateurs ont exprimé leur frustration vis-à-vis de l’approche de la propagande étrangère du gouvernement. Un commentateur a écrit : "Notre département de propagande étrangère est vraiment pauvre en termes de compétences. Si vous ne savez pas comment faire de la propagande, alors ne le faites pas." Ce sentiment reflète les complexités et les défis auxquels la Chine fait face dans sa guerre de mots continue avec les États-Unis sur les tarifs.

Malgré ces réactions mitigées, l’utilisation agressive par la Chine d’images de la Guerre froide et de messages directs montre la gravité avec laquelle Pékin considère la rivalité économique avec les États-Unis. À mesure que le différend commercial se poursuit, la position de la Chine semble claire : le compromis n’est pas une option, et la résistance à la pression étrangère reste primordiale.