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La Turquie d'Erdogan glorifie le Hamas et durcit le ton contre Israël

La Turquie d'Erdogan glorifie le Hamas et durcit le ton contre Israël
Jeudi 16 Mai 2024 - 08:17
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Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a suscité la controverse en déclarant lundi lors d'une conférence de presse avec le premier ministre grec, Kyriakos Mitsotakis, que la Turquie ne considérait pas le Hamas comme une organisation terroriste. Il a également affirmé que plus de 1000 membres du Hamas étaient soignés dans les hôpitaux turcs, une déclaration qui a été par la suite nuancée par un officiel turc anonyme.

La Turquie a toujours défendu le Hamas, mouvement islamiste palestinien issu des Frères musulmans, et n'hésite pas à accuser les forces israéliennes de "crimes de guerre" et de "génocide". Le président Erdogan a martelé que les militaires israéliens avaient "tué sans pitié entre 40 000 et 50 000 Palestiniens", un bilan bien supérieur aux chiffres officiels. En janvier, il avait même comparé l'offensive israélienne à Gaza aux actions d'Hitler.

Il y a dix jours, le président turc a annoncé la suspension de toute relation commerciale avec Israël tant qu'une trêve permanente n'aura pas été conclue avec le Hamas. Cette décision met en péril les échanges économiques entre les deux pays, qui s'élevaient à environ 9,5 milliards de dollars en 2022.

La Turquie, qui aspirait à jouer un rôle de médiateur régional, semble avoir compromis ses chances en adoptant une position ferme en faveur du Hamas et contre Israël. Asli Aydintasbas, chercheuse associée au Centre européen pour les relations internationales (ECFR), estime que la question palestinienne est une question personnelle et idéologique pour Erdogan, qui est prêt à payer le prix de l'isolement pour défendre cette cause.

Le président turc, fasciné par Saladin et Abdülhamid, souhaite être reconnu comme le dirigeant qui a supervisé la renaissance de l'empire turc et qui n'a pas oublié les Palestiniens. La Turquie s'est d'ailleurs engagée militairement sur d'anciens territoires ottomans, tels que la Libye, la Syrie et l'Irak.

En octobre dernier, Erdogan déclarait que Gaza était "une partie inséparable de notre patrie" et que la nation turque avait été "malheureusement séparée de toutes ces terres qui sont autant les nôtres que notre sang, nos vies et notre amour". Asli Aydintasbas note que la Turquie semble désireuse d'assumer un mandat international pour la future gouvernance des Palestiniens, mais cela semble peu probable tant que Netanyahou sera en poste.

La position de la Turquie vis-à-vis du conflit israélo-palestinien et son soutien au Hamas pourraient avoir des conséquences géopolitiques importantes, tant pour la région que pour les relations internationales.


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