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Le Mali intensifie la lutte contre l’exploitation minière illégale

Le Mali intensifie la lutte contre l’exploitation minière illégale
20:14 Journalistes: ELMIR Barae
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Le Mali a annoncé sa détermination à mener une lutte sans relâche contre l’exploitation minière illégale qui sévit sur son territoire, en particulier dans le secteur aurifère. Lors du Conseil des ministres du 22 janvier 2025, le ministre des Mines, Amadou Keita, a fait le point sur les mesures mises en place pour endiguer ce phénomène qui, selon l’ONG environnementale suisse SWISSAID, a généré une production non déclarée de plus de 300 tonnes d’or entre 2012 et 2022.

Les autorités maliennes ont intensifié leurs efforts de répression en démantelant 61 sites illégaux et en saisissant un nombre important d’équipements, notamment 286 pelleteuses et 63 véhicules utilisés par les exploitants clandestins. Ces activités, qui échappent au contrôle de l’État, représentent un manque à gagner considérable pour le Trésor public et contribuent à la dégradation de l’environnement. Le gouvernement souligne que ces exploitations illégales entraînent la destruction de la faune et de la flore, la pollution des cours d’eau, et participent au financement de réseaux criminels, tels que le trafic de drogue, d’armes et de personnes.

Les conséquences de l’exploitation minière artisanale et à petite échelle, connue sous l’acronyme EMAPE, ne sont pas propres au Mali. D’autres pays africains producteurs d’or, comme le Burkina Faso, la Mauritanie et le Niger, font face à des défis similaires. Les estimations officielles situent la production annuelle d’or issue de l’EMAPE au Mali à environ six tonnes, mais les chiffres avancés par SWISSAID indiquent qu’elle pourrait être comprise entre 30 et 57 tonnes par an, soit près de la production industrielle officielle qui s’élevait à 66 tonnes en 2022 et 2023.

Le phénomène ne se limite pas aux frontières du Mali. La Côte d’Ivoire et le Ghana, grands producteurs de cacao, subissent également les effets négatifs de l’exploitation minière illégale. En 2021, le Conseil ghanéen du cacao rapportait la destruction de plus de 19 000 hectares de plantations, compromettant ainsi l’un des piliers de l’économie du pays.

Face à ce problème, le Mali mise principalement sur la répression et la sensibilisation. Des actions ont été menées pour démanteler les sites illégaux et interpeller leurs responsables. Toutefois, les experts estiment que ces efforts ne suffisent pas à éradiquer le phénomène. L’expérience du Ghana, qui a opté pour une approche combinant répression et formalisation des mineurs illégaux en leur fournissant des équipements modernes et des opportunités de reconversion, pourrait inspirer Bamako.

La Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) insiste sur la nécessité d’une coopération régionale pour combattre efficacement l’EMAPE illégale. Un rapport publié en février 2024 recommande la mise en place de mécanismes de coordination entre les gouvernements, les acteurs du secteur minier et les forces de sécurité, ainsi qu’un partage d’informations à l’échelle régionale.

Les autorités maliennes sont appelées à renforcer la gouvernance du secteur minier en mettant en place des politiques de régulation adaptées, tout en veillant à offrir des alternatives économiques aux communautés dépendantes de cette activité. L’exploitation minière artisanale illégale est un défi de taille, mais une stratégie intégrée et concertée pourrait permettre de limiter son impact sur l’économie nationale et l’environnement, tout en assurant une meilleure redistribution des richesses minières au profit du développement du pays.

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