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Le Trésor public s’appuie sur un trio stratégique pour équilibrer ses finances
Entre 2014 et 2024, le Trésor marocain a bénéficié du soutien constant d’un noyau restreint d’entreprises publiques qui assurent, année après année, une part essentielle de ses recettes. Selon les chiffres du ministère des Finances, quatre entités — l’Office chérifien des phosphates (OCP), Bank Al-Maghrib, l’Agence nationale de la conservation foncière et Maroc Telecom — ont versé à l’État une moyenne annuelle de 10,22 milliards de dirhams sous forme de dividendes et de redevances.
Au total, ces grands comptes ont injecté 111 milliards de dirhams dans les caisses du Trésor en dix ans. À fin août 2024, les versements cumulés atteignaient déjà 12 milliards de dirhams, soit 3,5 milliards de plus que l’année précédente. Ces contributions financières, qui représentent à elles seules près de 75 % du budget de l’Enseignement supérieur, témoignent du rôle structurant de ces entreprises dans l’équilibre des finances publiques.
Le trio de tête reste inchangé : OCP demeure le premier contributeur avec 4,4 milliards de dirhams, suivi de Bank Al-Maghrib avec 4 milliards, puis de l’Agence nationale de la conservation foncière qui a versé 2,5 milliards. Ce cercle restreint de sociétés constitue le socle sur lequel repose une large part des recettes non fiscales du Trésor. Leur poids économique est tel que toute variation de leurs résultats financiers se répercute directement sur la santé budgétaire de l’État.
Selon les projections du ministère des Finances, le portefeuille public devrait rapporter 22,55 milliards de dirhams de dividendes au titre de l’exercice 2024. Mais cette manne appelle à la prudence : en prélevant trop de ressources sur ces entités, l’État risque d’affaiblir leur capacité à financer leurs propres investissements. Ces entreprises, souvent engagées dans des programmes stratégiques nationaux, sont aussi des moteurs du développement économique et social du pays.
La situation n’est toutefois pas uniforme. L’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) demeure le maillon faible du portefeuille public. Fragilisé par la hausse des prix de l’énergie et un déficit structurel dans sa branche Eau, accentué par la sécheresse, l’ONEE a nécessité un renflouement de 2 milliards de dirhams sous forme de subvention. Une aide du même montant est prévue pour l’année suivante, mais les pouvoirs publics savent que cette perfusion ne suffira pas à redresser durablement l’entreprise.
Le gouvernement a engagé une réforme visant à redéfinir le rôle de l’État-actionnaire et la stratégie des grands établissements publics. L’objectif est de moderniser la gouvernance et d’adapter les modèles économiques des sociétés les plus exposées, comme l’ONEE, Barid Al-Maghrib ou la Société nationale de transport et de logistique (SNTL). Ces réformes devront concilier exigence de rentabilité et missions d’intérêt général, dans un contexte économique marqué par des tensions budgétaires et climatiques.
Le portefeuille public marocain compte aujourd’hui 276 entités, dont 43 sociétés anonymes à participation directe du Trésor. En incluant les filiales, l’État est présent dans 517 entreprises, détenant un pouvoir de contrôle dans plus de la moitié d’entre elles. Ce réseau dense illustre le poids de l’État dans l’économie nationale, mais aussi la complexité de sa gestion.
Les autorités financières sont désormais appelées à trouver un équilibre entre rendement immédiat et pérennité. La contribution d’OCP, de Bank Al-Maghrib et de la Conservation foncière restera essentielle pour maintenir les équilibres macroéconomiques, mais leur rôle dépasse le cadre financier : ces institutions incarnent la solidité et la résilience d’un modèle économique qui, malgré les contraintes, continue d’alimenter les ambitions du Maroc en matière de développement et de souveraineté économique.