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Migration : le Maroc face aux procédures accélérées de l’UE
L’Union européenne connaît une inflexion significative dans sa politique migratoire. Selon le dernier rapport de l’Agence de l’Union européenne pour l’asile (EUAA), le premier semestre 2025 a enregistré 399 000 demandes d’asile, soit une baisse historique de 23 % par rapport à la même période en 2024, où plus de 520 000 dossiers avaient été déposés. Cette diminution reflète à la fois les évolutions géopolitiques et les nouvelles orientations européennes en matière d’immigration.
Parmi les évolutions notables, le profil des demandeurs a changé. Les Syriens, longtemps en tête des requérants, ont vu leurs demandes chuter de 66 %, conséquence de la transition politique en Syrie après la chute de Bachar al-Assad fin 2024. À l’inverse, les Vénézuéliens sont désormais le principal contingent avec 49 000 dossiers, en hausse de 31 %, suivis des Afghans avec 42 000 demandes.
La répartition géographique des demandes se transforme également. La France et l’Espagne sont désormais les principaux pays d’accueil, avec respectivement 78 000 et 77 000 dossiers, tandis que l’Allemagne se classe troisième avec 70 000 demandes. Cette redistribution accentue les pressions sur les systèmes d’asile des pays du sud et de l’ouest de l’Europe.
Malgré la baisse globale, l’engorgement persiste : plus de 918 000 demandes attendent encore une décision en première instance, et ce chiffre dépasse 1,3 million si l’on inclut recours et révisions. Cette situation alimente les débats politiques et pousse Bruxelles à envisager des procédures accélérées pour certaines nationalités.
Dans ce contexte, le Maroc occupe une place particulière. En 2024, 25 347 Marocains ont déposé une demande d’asile dans l’UE+, soit une baisse de 18 % par rapport à 2023. Le royaume se positionne au dixième rang des pays d’origine, avec des concentrations remarquables en Slovénie (63 % des demandeurs marocains) et en Bulgarie (7,1 %), mais aussi en Slovaquie et en Irlande.
La Commission européenne a proposé d’inscrire le Maroc sur la liste des « pays d’origine sûrs », aux côtés de la Colombie, de l’Égypte, de l’Inde, du Kosovo et de la Tunisie. Cette classification pourrait accélérer le traitement des demandes marocaines, tout en augmentant les risques de rejet en première instance.
Cette évolution s’inscrit dans une coopération migratoire plus large entre Rabat et Bruxelles. En 2024, les autorités marocaines ont intercepté 78 685 tentatives de passage irrégulier vers l’Europe, soit une hausse de 4,6 % par rapport à l’année précédente. Si le Maroc renforce son rôle de partenaire sécuritaire, il se retrouve confronté à des critiques sur la gestion des migrants subsahariens et sur la pression européenne pour limiter les départs.
Malgré la diminution des demandes, la migration marocaine illustre des fragilités structurelles liées au chômage des jeunes, à la précarité sociale et, parfois, à des facteurs politiques ou identitaires. La présence croissante de Marocains dans certains pays d’Europe centrale et orientale révèle un recours à de nouvelles routes migratoires, plus discrètes.
L’avenir semble complexe. Si le Maroc est officiellement classé pays sûr, l’UE renforcera ses procédures accélérées, tout en consolidant le rôle du royaume comme partenaire clé. Pour de nombreux candidats à l’exil, cela pourrait se traduire par des obstacles administratifs et une augmentation des tentatives de migration irrégulière. Le Maroc se retrouve donc au cœur d’un dilemme : répondre aux exigences européennes tout en offrant à sa jeunesse des perspectives suffisantes pour limiter la fuite des talents et des forces vives.