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Sahara marocain : pourquoi la droite espagnole ne pourra pas renverser la tendance
Malgré ses critiques répétées contre la position du gouvernement espagnol sur le Sahara marocain, le Parti populaire (PP) semble incapable d’infléchir la trajectoire diplomatique engagée par Pedro Sánchez depuis 2022. La reconnaissance du plan marocain d’autonomie par l’exécutif socialiste s’inscrit dans une dynamique bilatérale plus large, dictée par des enjeux économiques, sécuritaires et géostratégiques difficilement réversibles.
Trois ans après le virage opéré par le chef du gouvernement espagnol, la droite conservatrice continue de dénoncer ce qu’elle considère comme un abandon de la position traditionnelle de neutralité. Le PP, dirigé par Alberto Núñez Feijóo, multiplie les attaques contre le rapprochement entre Madrid et Rabat, espérant séduire un électorat sensible aux questions de souveraineté et de politique étrangère. Mais au-delà des postures politiques, un consensus discret mais puissant lie aujourd’hui les deux pays.
Des intérêts économiques incontournables
Au cœur de ce rapprochement, les milieux d'affaires espagnols ont tout à gagner d’une coopération renforcée avec le Maroc. Pour Mohamed Badine El Yattioui, professeur en relations stratégiques, les entreprises ibériques voient dans le Maroc un partenaire clé vers les marchés d’Afrique de l’Ouest. Une remise en question de cette relation risquerait, selon lui, de coûter cher à l’Espagne sur les plans économique et géopolitique.
Le patronat espagnol, fortement impliqué dans des secteurs stratégiques comme les infrastructures, l’énergie ou la logistique au Maroc, s’oppose fermement à tout retour en arrière. « Le secteur privé ne veut pas compromettre les opportunités offertes par l’Afrique de l’Ouest via le hub marocain », explique El Yattioui, insistant sur l’importance de la diplomatie économique dans la politique extérieure marocaine.
Une stratégie politique à double tranchant
Le PP tente de capitaliser sur la question du Sahara pour affaiblir le PSOE, particulièrement après les récentes affaires de corruption qui ont éclaboussé la majorité. Mais cette stratégie comporte ses limites. L’expert souligne que si le PP alimente le débat avec une rhétorique plus hostile à Rabat, il évite de s’engager clairement sur une rupture avec la politique actuelle. L’objectif : ménager une possible alliance avec Vox sans compromettre les intérêts stratégiques de l’Espagne.
D’autant que la coopération migratoire et sécuritaire entre les deux pays est devenue un pilier essentiel pour Madrid. Le Maroc joue un rôle central dans le contrôle des flux migratoires vers l’Europe, une fonction que les gouvernements espagnols, de droite comme de gauche, savent apprécier à sa juste valeur.
La reconnaissance internationale du plan d’autonomie
Depuis 2022, le plan d’autonomie marocain a gagné en légitimité sur la scène internationale. Des pays comme les États-Unis, le Royaume-Uni et plus récemment la France ont exprimé leur appui à cette solution, renforçant ainsi la position du Maroc. Une Espagne qui reviendrait sur sa décision s’exposerait à une marginalisation dans la région et à la perte d’opportunités économiques au profit de ses voisins européens.
Même les récentes manœuvres du PP, comme l’invitation de membres du polisario à leur congrès ou les tentatives de faire voter une motion contre la position du gouvernement, n’ont guère de portée concrète. Le PSOE, soutenu en partie par ses alliés de coalition, a tenu bon, résistant aux pressions internes et externes.
Une relation ancrée dans la durée
« Le Maroc exige des relations fondées sur le respect mutuel, ce que certains courants conservateurs espagnols ont du mal à accepter », note El Yattioui. Pour lui, la logique dominante à Madrid reste et restera celle de la realpolitik : les intérêts à long terme pèsent plus que les clivages idéologiques.
En définitive, même si le PP parvenait à accéder au pouvoir, il lui serait difficile, voire contre-productif, de revenir sur un engagement diplomatique qui a permis de consolider un partenariat stratégique avec le Maroc. Dans ce dossier sensible, la logique économique, sécuritaire et diplomatique semble l’emporter sur les calculs politiques à court terme.
Malgré les gesticulations politiques, la ligne adoptée par l’Espagne sur le Sahara marocain semble solidement ancrée. L’alignement des intérêts économiques, la pression du patronat, l’importance de la coopération migratoire et sécuritaire, ainsi que le contexte géopolitique régional rendent improbable toute inflexion majeure, même en cas d’alternance à Madrid.