Santé au Maroc : les conséquences alarmantes de la pénurie de médicaments

Le Maroc est confronté à une crise de santé publique d'une ampleur sans précédent, exacerbée par la pénurie prolongée de médicaments essentiels, notamment pour les patients atteints de maladies chroniques. Cette situation alarmante, qui dure depuis plusieurs mois, plonge de nombreuses familles dans l'inquiétude et met en lumière les lacunes d'un système de santé déjà éprouvées.

Une crise au cœur des soins

Les ruptures d'approvisionnement proviennent des médicaments indispensables pour traiter des affections telles que les maladies cardiovasculaires, le cancer, et même des maladies infantiles courantes. Bouazza Kherrati, président de la Fédération Marocaine des Droits du Consommateur (FMDC), souligne que l'absence de solutions alternatives met en péril la santé des patients, laissant les professionnels de santé désemparés face à cette urgence.

Les nourrissons, particulièrement vulnérables durant la période hivernale, subissent également les conséquences de cette crise. L'inaction des autorités face à cette situation ne fait qu'augmenter les craintes d'un désastre sanitaire imminent.

Les racines de la pénurie

Plusieurs facteurs expliquent cette pénurie. Tout d'abord, les perturbations des chaînes d'approvisionnement mondiales, accentuées par une concurrence accumulée sur le marché des matières premières, ont eu un impact direct sur les stocks nationaux. De plus, un décret de 2013, censé rendre les médicaments plus accessibles, a finalement favorisé les multinationales au détriment de la production locale, renforçant ainsi la dépendance du Maroc vis-à-vis des importations.

L'élargissement de la couverture sanitaire universelle, bien qu'accueilli positivement, a également intensifié la demande en médicaments, mettant les pharmacies sous pression. Les professionnels de la santé se retrouvent souvent à devoir informer leurs patients que les traitements recherchés ne sont pas disponibles, aggravant leur détresse.

Vers une solution durable

Pour faire face à cette crise, le ministère de la Santé a élaboré un plan stratégique visant à promouvoir l'utilisation des médicaments génériques et à renforcer les capacités de stockage. Cependant, ces mesures tardent à montrer des résultats concrets, laissant les patients dans l'incertitude et la douleur.

Des voix s'élèvent pour dénoncer l'inefficacité des autorités à anticiper ces pénuries. Selon Kherrati, il est impératif que le Maroc revoie sa politique pharmaceutique en mettant sur la souveraineté sanitaire. Cela implique d'investir dans la production locale de médicaments, de réformer les politiques tarifaires et de mieux réguler les importations.

Une responsabilité collective

La situation actuelle doit être perçue comme un appel à l'action pour l'État, les industriels, les professionnels de la santé et les citoyens. L'accès aux soins est un droit fondamental et ne devrait pas être soumis à des aléas logistiques.

En tant qu'acteur de la société civile, il est essentiel de continuer à alerter sur cette crise et de plaider pour des réformes urgentes. La pénurie de médicaments vitaux ne doit pas seulement être considérée comme un dysfonctionnement, mais comme une opportunité pour construire un système de santé plus robuste, capable de garantir l'accès aux traitements pour tous.

Pour surmonter cette crise, la mise en place d'un système de surveillance des stocks et des approvisionnements devient une priorité nationale. Au-delà des solutions techniques, cela nécessite un engagement politique fort pour assurer la protection de la santé publique.

Le Maroc doit profiter de cette crise pour refonder sa politique pharmaceutique. C'est un défi qui dépasse la simple gestion de la pénurie actuelle ; il s'agit de bâtir un avenir où chaque Marocain peut bénéficier des soins nécessaires, dans un système de santé digne de ce nom.