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"Without trust, there can be no genuine peace…"

"Without trust, there can be no genuine peace…"
Dimanche 20 - 17:34 Par: Sabri Anouar
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Les nations, comme les êtres humains, vivent de relations. Et toute relation, pour durer, a besoin d’un socle invisible mais vital : la confiance. Lorsqu’elle s’effrite, tout vacille. Le dialogue devient confrontation. La coopération, méfiance. Et la paix, au mieux, une pause entre deux tensions.
Cette vérité résonne aujourd’hui avec une gravité particulière au Sahel, où les liens entre États, peuples et institutions se fragilisent, se tendent, parfois se brisent. Ce n’est pas seulement la sécurité qui est en jeu. C’est la possibilité d’un avenir commun. Car les traités ne suffisent pas. Les alliances non plus. Ce qui fait tenir les relations, c’est cette matière invisible mais essentielle : la confiance. Sans elle, il n’y a pas de diplomatie. Il n’y a que des arrangements temporaires.

Ce que dit la confiance

Le choix de cette citation de Ban Ki-moon (ancien secrétaire général des Nations unies, diplomate sud-coréen né en 1944) — “Without trust, there can be no genuine peace—neither in society nor in the international arena.” — ne relève pas du simple effet rhétorique. Elle résume un principe fondamental : sans confiance, la paix ne repose sur rien de durable.
Et cette absence de paix n’est jamais simplement une affaire d’idéologie ou de rapports de force. Elle révèle d’abord un échec relationnel. Si cet édito se penche sur le Sahel, c’est parce que cette région incarne intensément les conséquences de la rupture des liens : insécurité permanente, revirements de posture, influences croisées, perte d’ancrage. Le tout sur fond de frustration populaire, de crise institutionnelle et de recomposition des alliances.
C’est aussi parce qu’à ce délitement, le Maroc oppose une autre lecture, une autre manière de faire relation, une autre façon d’être présent.
L’épisode diplomatique du 6 avril 2025 illustre cette fragilité. Ce jour-là, le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont rappelé leurs ambassadeurs en Algérie après la destruction, par l’armée algérienne, d’un drone malien à la frontière. L’Alliance des États du Sahel y a vu une atteinte à sa souveraineté. L’Algérie a riposté en rappelant ses propres ambassadeurs et en fermant son espace aérien au Mali.
Ce n’est plus seulement la coopération qui s’effondre, mais le langage même des relations diplomatiques. La défiance remplace le dialogue. Et c’est là que se joue l’essentiel : sans confiance, plus rien ne tient.

Une relation séculaire, une vision contemporaine

Le Maroc n’a pas découvert le Sahel au XXIe siècle. Depuis des siècles, des liens profonds unissent le royaume à cette région : routes caravanières, échanges intellectuels, ancrage religieux, proximité humaine. De Tombouctou à Gao, l’influence marocaine s’est exercée non par conquête, mais par rayonnement.
Cette histoire n’a jamais été rompue. Elle a changé de forme, traversé des silences, mais elle n’a cessé de produire du lien. Aujourd’hui encore, elle inspire une diplomatie enracinée, patiente, à rebours des logiques d’ingérence.
Cette posture s’exprime dans le temps long. Le Maroc n’a pas cédé à l’alarmisme ni à la condamnation facile. Il agit. Discrètement, mais avec constance. Il ne promet pas, il construit. Il ne commente pas, il se connecte. Il agit moins par injonction que par influence, moins par démonstration de force que par continuité d’alliance. Il conjugue les leviers du soft power à une vision stratégique d’un continent africain émancipé, solidaire et multipolaire.

Face à l’emballement, une diplomatie de constance

Les dernières semaines n’ont fait que confirmer l’urgence. Début avril, la Russie annonçait son soutien militaire aux juntes du Mali, du Burkina Faso et du Niger, actant un tournant géopolitique majeur. En février, les services marocains démantelaient une cellule de l’État islamique liée au Sahel, avec des projets d’attentats sur notre sol.
Face à cette recomposition rapide, le Maroc n’adopte pas de position de surplomb. Il n’alimente pas les tensions. Il agit sur la durée, selon une ligne claire : celle de la construction. Là où d’autres agitent les armes ou les doctrines, le Maroc propose des solutions. Il forme des imams. Il conseille des institutions. Il accompagne des agricultures. Il bâtit des routes. Il écoute avant d’agir. Et lorsqu’il agit, c’est pour relier.

Faire le choix de la coopération

La relation, dans sa forme la plus noble, précède l’économie, transcende la politique, et parfois même défie l’histoire. Ce sont les relations — entre individus, sociétés, nations — qui font les équilibres durables. Là où elles se rompent, l’instabilité prospère.
Bertrand Russell (philosophe britannique et Prix Nobel de littérature 1950, 1872-1970) le rappelait avec justesse : “The only thing that will redeem mankind is cooperation.
Coopérer, ce n’est ni s’aligner, ni céder. C’est reconnaître que la paix ne s’impose pas. Elle se construit. Et elle se construit à travers des relations fondées sur la confiance.

L’art de la retenue

La diplomatie marocaine ne s’exhibe pas. Elle s’inscrit. Elle repose sur une retenue rare. Trois piliers la fondent : une légitimité spirituelle et historique largement reconnue dans les pays sahéliens, une logique de partenariat intégré et gagnant-gagnant, et une constance qui transcende les régimes.
Henry Kissinger (ancien Secrétaire d'État des États-Unis et Prix Nobel de la paix de 1973, 1923-2023) aurait pu décrire le Maroc lorsqu’il définissait la diplomatie comme : “Diplomacy: the art of restraining power.

Une vision royale

Formation d’imams dans un islam tolérant. Port de Dakhla Atlantique comme cordon logistique entre le Maroc et les États sahéliens. Projets dans l’agriculture, l’énergie, l’éducation. Coopération sécuritaire discrète et efficace. Présence diplomatique continue, même dans les pays en transition. Engagement assumé pour une coopération Sud-Sud portée par la vision royale.
Le 6 novembre 2023, à l’occasion du discours de la Marche Verte, Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l'assite, annonçait l’Initiative Royale pour l’accès des pays sahéliens à l’Atlantique. Une vision structurante pour désenclaver les économies de l’intérieur du continent et leur ouvrir un accès logistique, commercial et énergétique durable.
Dans ce cadre, le port de Dakhla Atlantique devient un pilier stratégique. Plus qu’un port, c’est une porte. Un trait d’union entre le cœur du continent et les courants du monde. Ce projet illustre ce que peut une diplomatie marocaine : souveraine, tranquille, tournée vers l’intégration.

Une vision souveraine pour un destin partagé

Ce que vit le Sahel est à la fois un signal et un test. Signal de ce que devient une région quand les liens se défont. Test pour ceux qui prétendent à un leadership africain, mais peinent à préserver les fondements de la relation..
Le Maroc ne figure peut-être pas dans la cartographie étroite du Sahel, mais il en partage les défis, les équilibres à préserver, et les horizons à construire. Car un destin ne s’impose pas. Il se construit. Relation après relation. Acte après acte. Dans la durée.
Et c’est bien là la force de la vision marocaine : elle ne se réduit pas à une stratégie conjoncturelle. Elle trace un cap. Elle exprime une manière d’être au monde. Et pour le Maroc, elle incarne une fidélité à son histoire, et un engagement envers un avenir à la hauteur de ses responsabilités.

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