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Philanthropie au Maroc : entre potentiel et obstacles bureaucratiques
Le Maroc affiche un environnement "moyennement favorable" pour les activités philanthropiques, selon l’édition 2025 de l’Indice mondial de l’environnement des activités caritatives, publié par la Lilly Family School of Philanthropy de l’Université d’Indiana. Malgré des avancées ponctuelles, le Royaume peine à construire un écosystème propice à l’essor du travail caritatif, en raison de blocages administratifs et d’un manque d’incitations fiscales.
Le rapport, qui couvre la période 2021-2023, évalue le climat philanthropique dans 95 pays en s’appuyant sur plusieurs critères : cadre légal, fiscalité, liberté d’opération, culture du don et innovation technologique. Le Maroc obtient un score compris entre 3,50 et 3,99 sur 5, le classant dans la catégorie des pays offrant un environnement relativement favorable, sans pour autant rivaliser avec les meilleures pratiques internationales.
Des freins structurels persistants
L’étude relève que le tissu socioculturel marocain reste réceptif à la solidarité et à l’entraide, valeurs profondément ancrées dans la société. Toutefois, le potentiel philanthropique du pays est freiné par une réglementation complexe, des démarches administratives lourdes et un système fiscal peu incitatif. Ces facteurs dissuadent à la fois les donateurs privés et les organisations souhaitant se structurer durablement.
Parmi les défis les plus notables : la lenteur des autorisations administratives pour les associations, le manque de transparence dans les mécanismes de financement et l’absence de réduction fiscale attractive pour les particuliers ou les entreprises désireuses de soutenir des causes sociales.
Un retard dans l’adoption des technologies
Autre constat préoccupant : l’usage encore limité des technologies numériques dans le secteur caritatif marocain. Alors que de nombreux pays ont investi dans des plateformes digitales de dons, des outils de suivi des projets ou encore des systèmes de communication innovants avec les bénéficiaires, le Maroc semble à la traîne. Cette inertie technologique entrave la modernisation du secteur et réduit sa capacité d’impact.
Comparaisons internationales et leviers d’amélioration
À l’échelle mondiale, 61 % des pays analysés présentent un environnement jugé favorable pour la philanthropie. Les États-Unis, la Suède, la Suisse ou encore les Émirats arabes unis dominent le classement avec des scores supérieurs à 4,5. À l’inverse, des pays comme le Zimbabwe ou le Myanmar ferment la marche avec des conditions très restrictives.
Le rapport suggère que le Maroc, en tant qu’économie émergente, pourrait progresser à travers une série de réformes ciblées : simplification administrative, modernisation du cadre juridique, création de dispositifs fiscaux encourageant les dons, renforcement de la transparence financière et développement de partenariats public-privé.
Des flux de dons transfrontaliers de plus en plus sous pression
L’étude alerte également sur la tendance mondiale au durcissement de la réglementation des dons internationaux. Près de la moitié des pays évalués ont vu leur capacité à recevoir des fonds étrangers diminuer, ce qui affecte particulièrement les États où les ressources locales sont limitées. Le Maroc, à ce titre, doit anticiper ce resserrement global en diversifiant ses sources de financement et en renforçant sa résilience locale.
Vers une dynamique collective
Les auteurs du rapport insistent sur la nécessité d’une mobilisation conjointe des acteurs publics, privés et de la société civile. L’amélioration du climat philanthropique ne peut être portée uniquement par les pouvoirs publics. Elle exige un engagement collectif pour bâtir un cadre structuré, transparent et facilitateur, à même de répondre aux besoins croissants de la population et de relever les défis sociaux, économiques et environnementaux du pays.
En résumé, malgré un ancrage culturel fort de la solidarité, la philanthropie marocaine reste freinée par un appareil administratif rigide et des dispositifs fiscaux peu engageants. Un virage stratégique est nécessaire pour permettre au secteur caritatif de jouer pleinement son rôle dans le développement du pays.