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Les anti-rhume interdits à la vente libre en France : un tournant dans la réglementation des médicaments

Mardi 10 Décembre 2024 - 16:20
Les anti-rhume interdits à la vente libre en France : un tournant dans la réglementation des médicaments
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L’accès aux médicaments anti-rhume contenant de la pseudoéphédrine sera strictement encadré en France. Après des années de vente libre, huit médicaments phares, dont Humex, Actifed, et Nurofen, ne pourront désormais être délivrés qu’avec une ordonnance médicale. Cette mesure a été prise par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), en raison des risques graves liés à l’utilisation de ces traitements.

Des médicaments à risques

Les médicaments concernés par cette nouvelle réglementation sont principalement utilisés pour soulager les symptômes du rhume, notamment la congestion nasale. Ils incluent des produits très connus comme Actifed Rhume, Humex Rhume, Dolirhume Paracétamol et Pseudoéphédrine, et Rhinadvil Rhume. Tous contiennent de la pseudoéphédrine, une molécule dont l’effet décongestionnant est bien établi, mais qui peut avoir des effets secondaires graves, notamment des AVC et des infarctus.

L’ANSM justifie cette interdiction en soulignant que les risques associés à la pseudoéphédrine, notamment en cas de surconsommation ou d’interactions avec d’autres médicaments, sont trop élevés par rapport à la nature bénigne de la maladie qu’ils traitent : le rhume. En effet, bien que le rhume soit une affection bénigne et généralement autolimitée, ces traitements peuvent causer des complications, surtout chez les personnes ayant des antécédents cardiaques ou des pathologies liées à la pression artérielle.

Une décision attendue

Cette décision, bien que tardive, n’est pas une surprise. Depuis plusieurs années, l’ANSM a émis des alertes sur la sécurité de ces médicaments. En 2023, l’agence recommandait déjà de ne pas les utiliser de manière systématique, et leur vente avait commencé à diminuer. Cependant, les autorités sanitaires françaises se heurtaient jusqu’à présent à la réglementation européenne, qui exigeait un avis favorable de l’Agence européenne du médicament (EMA) pour interdire ces produits.

En dépit de l’EMA n’ayant pas jugé nécessaire de retirer ces médicaments du marché, estimant que les effets indésirables graves étaient suffisamment rares, l’ANSM a finalement décidé de prendre des mesures plus strictes. Les autorités françaises ont estimé que, même si les risques étaient peu fréquents, ils étaient inacceptables face à la nature bénigne du rhume.

Pourquoi cette interdiction maintenant ?

Le changement de cap des autorités françaises s’explique aussi par un contexte sanitaire particulier : à l’approche de l’hiver, les rhumes sont plus fréquents et, avec eux, une consommation accrue de ces médicaments. Le paradoxe de ces traitements puissants, disponibles sans prescription, face à un problème de santé mineur a conduit à cette révision des règles. De plus, la montée des critiques, tant du côté des professionnels de santé que des associations de patients, a pesé dans la balance.

En dépit des inquiétudes concernant une potentielle pénurie ou un désagrément pour les patients habitués à ces produits en vente libre, les autorités sanitaires insistent sur la nécessité de protéger les consommateurs des risques potentiellement graves, même s’ils restent rares. Les médecins seront désormais appelés à évaluer soigneusement la balance bénéfice/risque avant de prescrire ces médicaments.

Une nouvelle ère pour la médecine de proximité

La mesure prise par l’ANSM marque un tournant important dans la manière dont sont régulés certains médicaments en France. Elle soulève également la question de la place de l’automédication dans un monde où les consommateurs sont de plus en plus informés, mais parfois aussi plus vulnérables à des effets secondaires mal compris.

La mise en place de cette restriction pourrait encourager une révision plus générale de l’approche des médicaments en vente libre. Elle montre l’importance de l’avis médical pour garantir une prise en charge plus sûre, tout en incitant à repenser notre rapport à la santé et à l’automédication.



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