Suivez-nous sur Facebook
Gérard Araud : « L’Algérie moderne s’est construite contre la France »
Invité vendredi 4 juillet sur le plateau de LCI, Gérard Araud, ancien ambassadeur de France aux États-Unis, a dressé un constat sans détour des rapports entre Paris et Alger, qu’il qualifie de « relation pathogène », marquée selon lui par une hostilité structurelle héritée de la colonisation. Pour le diplomate, la guerre d’indépendance n’est pas seulement un épisode historique, mais le fondement même de l’identité algérienne contemporaine.
Face au journaliste Darius Rochebin, Araud a affirmé : « L’identité de l’Algérie, c’est la guerre contre la France. » Il a estimé que, contrairement au Maroc ou à la Tunisie, l’Algérie ne dispose pas d’un récit historique ancien sur lequel bâtir une continuité nationale. « Le pays s’est construit dans l’opposition à l’ancienne puissance coloniale, et cette logique reste active », a-t-il expliqué.
Selon lui, cette relation figée dans l’affrontement empêche toute tentative d’apaisement diplomatique. « À chaque nouveau président français, on entend que les choses vont s’améliorer avec l’Algérie. Elles ne s’amélioreront jamais », tranche-t-il, dénonçant une vision naïve de la diplomatie basée sur des notions de pardon ou de reconnaissance symbolique. « Le pardon, ce n’est pas pour les relations internationales. C’est le rôle du pape, pas celui des États. »
Gérard Araud s’en est également pris à la structure du pouvoir algérien, qu’il qualifie sans ambiguïté de régime militaire opaque : « Derrière le président Tebboune, il y a des colonels que personne ne connaît. Cette armée se construit encore en désignant la France comme son ennemi préféré. » Dans ce contexte, l’ancien ambassadeur prône une posture claire et sans illusions : « Gérons ces relations comme ce qu’elles sont : glaciales, sans gesticulations excessives. »
À travers les propos tranchants de Gérard Araud, c’est un diagnostic dur et réaliste qui est posé sur une relation bilatérale complexe, irrésolue, et minée par l’héritage du passé. Un constat qui risque de résonner longtemps, des deux côtés de la Méditerranée.