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Transport maritime : le Maroc relance sa flotte nationale pour regagner sa souveraineté
Après des décennies de recul, le Maroc semble bien décidé à remettre à flot sa marine marchande. Lors d’une intervention à la Chambre des représentants, le ministre du Transport et de la Logistique, Abdessamad Kayouh, a annoncé le lancement d’une étude stratégique d’envergure pour redonner un nouveau souffle à la flotte maritime nationale, dont la situation actuelle est jugée alarmante.
Avec seulement 15 navires actuellement recensés, dont la majorité sous contrôle de groupes étrangers, la marine marchande marocaine est loin de répondre aux besoins logistiques d’un pays ouvert sur deux façades maritimes – atlantique et méditerranéenne. Cette dépendance étrangère, héritée de la cession de grandes entreprises comme la Comanav et Maroc Navire dans les années 1990, a engendré une perte progressive de souveraineté économique et stratégique dans ce secteur clé.
Le ministre Kayouh a rappelé qu’à son apogée dans les années 1960 et 1970, la flotte nationale comptait près de 70 navires. Une époque aujourd’hui révolue, remplacée par une situation de quasi-oligopole dominée par des opérateurs étrangers mieux armés économiquement et technologiquement.
L’étude lancée par le ministère vise d’abord à dresser un diagnostic complet de l’état du transport maritime national, avant de proposer une vision à long terme permettant de bâtir une flotte compétitive. Les premiers résultats sont attendus dans un mois et devront nourrir une réflexion collective sur la politique maritime à adopter. Un comité de pilotage intersectoriel, incluant des représentants des départements de l’équipement, du commerce, de l’industrie, de l’énergie, de l’agriculture, des finances et de l’investissement, a été mis sur pied pour accompagner cette démarche.
Ce retour d’intérêt pour la flotte nationale s’inscrit dans une vision plus large, impulsée par le discours de Sa Majesté le Roi Mohammed VI lors du 48e anniversaire de la Marche verte en 2023. Le souverain avait alors souligné la nécessité de valoriser la position géostratégique du Maroc en renforçant sa façade atlantique et en structurant une économie maritime d’envergure africaine. Il avait notamment insisté sur l’importance de constituer une flotte nationale solide et compétitive, à même de soutenir le développement logistique du pays.
Avec cette initiative, le Royaume entend non seulement reconquérir une souveraineté perdue, mais aussi bâtir une économie bleue à la hauteur de son potentiel maritime. Reste désormais à transformer cette ambition en actions concrètes, capables de replacer le Maroc dans le concert des nations maritimes influentes.