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Travail des enfants au Maroc : Une baisse encourageante, mais une réalité toujours alarmante

Mercredi 18 Juin 2025 - 13:42
Travail des enfants au Maroc : Une baisse encourageante, mais une réalité toujours alarmante
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Malgré une baisse progressive, le travail des enfants demeure un phénomène préoccupant au Maroc. En 2024, 101.000 enfants âgés de 7 à 17 ans étaient engagés dans une activité économique, selon les dernières données de l’Enquête nationale sur l’emploi publiées par le Haut-Commissariat au Plan (HCP).

Ce chiffre marque un recul de 8,2 % par rapport à 2023, et une chute de 59,1 % depuis 2017. Pourtant, 1,3 % des enfants marocains de cette tranche d’âge continuent de travailler, souvent dans des conditions difficiles, voire dangereuses. Les disparités géographiques sont marquées : 0,5 % en milieu urbain contre 2,5 % en milieu rural.

Le profil type de ces enfants reflète une réalité sociale bien ancrée. La majorité sont des garçons (84,6 %), âgés de 15 à 17 ans (89 %), vivant principalement en zone rurale (77,5 %). Côté scolarité, les chiffres sont alarmants : près de 88 % de ces enfants ont abandonné l’école, 10,7 % y sont encore inscrits, et 1,6 % n’y sont jamais allés.

Les secteurs dans lesquels ces enfants exercent varient selon le milieu : en zone rurale, l’agriculture, la forêt et la pêche concentrent 70,3 % des cas. En zone urbaine, ce sont les services (58,8 %) et l’industrie (26,1 %) qui prédominent. Les statuts professionnels diffèrent également : 57,4 % des enfants ruraux sont aides familiales, contre 29,5 % salariés ; en ville, 51,7 % sont salariés, 28,3 % apprentis, et 14,6 % aides familiales.

Plus inquiétant encore, 62.000 enfants, soit près de deux tiers des enfants travailleurs, sont exposés à des activités dangereuses. L’exposition est particulièrement marquée dans l’industrie (88,6 %), les BTP (74,4 %), les services (71,1 %), et même dans l’agriculture (51,7 %).

Le phénomène touche environ 73.000 ménages, soit 1 % des foyers marocains, dont 51.000 en milieu rural. Il est plus courant dans les familles nombreuses : 2,7 % des foyers de six personnes ou plus sont concernés.

Le niveau d’instruction du chef de ménage est un facteur déterminant. 1,2 % des foyers dirigés par une personne sans instruction emploient un enfant, contre 0,9 % pour ceux dont le chef a un niveau primaire, et quasiment zéro chez ceux ayant un niveau supérieur.

Quant à l’activité du chef de famille, 38 % des enfants travailleurs vivent dans des foyers d’exploitants agricoles, 24 % chez des commerçants, employés ou artisans, 22,9 % chez des manœuvres, et 15 % dans des familles où le chef est inactif. Le phénomène est quasi-inexistant chez les cadres supérieurs.

Si les chiffres indiquent une évolution positive en termes de réduction du travail des enfants, les conditions dans lesquelles ils continuent d’exercer une activité économique, souvent au détriment de leur scolarité et de leur sécurité, soulignent la nécessité de renforcer les politiques sociales, éducatives et de protection de l’enfance dans les zones les plus vulnérables du Royaume.



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