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Cosmétiques bio: le Maroc veut se positionner à l’international

Cosmétiques bio: le Maroc veut se positionner à l’international
Mardi 01 Mars 2022 - 15:06
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Les participants à un webinaire récemment organisé par l’Association marocaine des exportateurs (ASMEX) en partenariat avec FAMIbio, ont discuté des opportunités d’exporter des cosmétiques biologiques.

Placé sous le slogan “Opportunités mondiales d’exportation pour les cosmétiques et les produits biologiques”, ce webinaire, auquel ont participé plus de 120 entreprises du secteur, visait à mettre en évidence le potentiel des produits locaux, mais aussi l’évolution des exigences et de la réglementation du marché du bio produits cosmétiques, indique l’ASMEX dans un communiqué.

A cette occasion, Charles Mordret, expert international dans le domaine des ingrédients naturels, a souligné que le marché mondial des cosmétiques représentait 341 milliards de dollars et qu’il devrait passer à plus de 480 milliards en 2030, soit une croissance supérieure à 5 %. L’émergence de nouveaux segments tels que les ingrédients d’origine végétale, les produits anti-âge ou les soins de beauté pour hommes ont révolutionné l’offre et la demande de ces produits, aidés par le développement du commerce électronique, a déclaré Mordret, précisant que les ventes sur Internet constituent aujourd’hui 34% des ventes mondiales.

Un potentiel important dont le Maroc ne profite pas pleinement. Il est vrai que le Royaume s’impose comme l’un des principaux producteurs de matières premières et de plantes servant de base à des produits cosmétiques bio tels que l’arganier, les figues de barbarie, les roses ou encore certains fruits et légumes spécifiques, mais des efforts supplémentaires doivent être consentis dans en termes de transformation de ces matières premières et de création de valeur ajoutée.

« La filière cosmétique bio au Maroc est quasiment inexistante. Pourtant, la demande est là. Il faut trouver un moyen de structurer les acquis pour aller vers un marché d’exportation. Cela commence par l’adoption de règles strictes mais claires et d’une administration de contrôle appropriée. Le secteur dépend désormais de la même tutelle que la médecine et la pharmacie ! a commenté Slim Kabbaj, président de FAMIbio.

Pour que les entreprises marocaines du secteur profitent de l’essor que connaît actuellement la cosmétique bio dans le monde, il est important que tous les acteurs publics et privés se mobilisent. Dans ce sens, Ismail Lachgar, chef du service de la promotion des produits locaux à l’échelle internationale à l’Agence de développement agricole (ADA) a cité quelques actions entreprises par l’Agence pour accompagner les producteurs marocains afin que les produits répondent aux normes en termes de la qualité, de l’amélioration des produits et de la sécurité sanitaire.

Les objectifs de ces programmes sont la création d’une marque collective de produits locaux marocains « Terroir du Maroc » et l’enregistrement de ce label collectif auprès de l’OMPIC et de l’OMPI, l’organisation de campagnes de promotion dans les supermarchés et centres commerciaux en période de forte consommation, la organisation de campagnes de communication à destination des médias afin d’asseoir une image de marque et une solide notoriété des produits locaux.

Concurrence déloyale

Cependant, de nombreux autres obstacles subsistent. En effet, la transformation de produits cosmétiques 100% naturels est un processus complexe et parfois extrêmement coûteux, ce qui est un frein pour les petits producteurs locaux. L’autre danger vient de la concurrence déloyale et des barrières à l’entrée sur les marchés internationaux.

Ainsi, Abderrahim Taibi, directeur général d’IMANOR, a confirmé le manque de réglementation suffisante pour promouvoir la cosmétique biologique marocaine. « Nous nous inspirons des normes internationales pour doter le Maroc d’un étiquetage local et certifier les produits bio et les protéger contre la fraude et les déclarations frauduleuses par l’étiquetage notamment. Quant à l’exportation, malheureusement, les produits marocains, bien qu’ils soient conformes aux réglementations locales, se heurtent parfois à des obstacles imposés par les pays européens pour promouvoir leurs propres produits (…) », dit-il.

Une déclaration qui confirme le témoignage de Nadia Boutdarine, présidente de la coopérative Yacout : « Nous sommes sur le terrain depuis 2013 et certifiés ISO depuis 2016 et nous nous retrouvons avec les mêmes freins à l’export, c’est-à-dire aller vers les administrations en relation à l’industrie alimentaire. , tandis que nous sommes spécialisés dans les cosmétiques ».

A l’issue de cette rencontre, plusieurs pistes de solutions ont été identifiées et les participants ont appelé à une mobilisation générale et à la concertation entre les opérateurs et institutions comme l’Imanor, l’ADA et le gouvernement pour pallier le retard et surtout développer une offre exportable de cosmétiques bio. « Si nous voulons vendre du bio à l’international, nous sommes intéressés par la mise en place d’un label complémentaire à celui qui existe déjà en Europe.

Cela donnera une certaine légitimité aux produits marocains, car aujourd’hui les étiquettes « bio » sont partout, ce qui nuit au produit et discrédite le « bio » en général », explique Kabbaj.

Une feuille de route FAMIBio et ASMEX doit être suivie, en alliance avec les principaux acteurs du secteur.


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