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Le coût des stéréotypes médiatiques sur l’Afrique : Un frein au développement économique

Le coût des stéréotypes médiatiques sur l’Afrique : Un frein au développement économique
Jeudi 17 - 08:30 Journalistes: ELMIR Barae
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Un rapport publié le 10 octobre par l’ONG Africa No Filter et le cabinet de conseil Africa Practice révèle que les stéréotypes véhiculés par les médias internationaux sur l’Afrique coûtent aux pays du continent jusqu’à 4,2 milliards de dollars par an en "prime de préjudice" sur le service de la dette. Intitulé "The Cost of Media Stereotypes to Africa - The Relationship Between Media, Investment and Economic Development", ce rapport analyse l'impact d'une couverture médiatique négative sur la perception du risque souverain par les investisseurs et, par conséquent, sur les coûts d’emprunt pour les pays africains.

Les médias internationaux, selon le rapport, représentent souvent l’Afrique comme un bloc homogène et se concentrent principalement sur les aspects négatifs tels que la violence, la pauvreté, les conflits et la corruption, en négligeant les évolutions positives qui s’y opèrent. Cette vision réductrice a des répercussions directes sur l’image des pays africains et augmente leur coût d’emprunt.

En analysant la couverture médiatique des élections dans des pays comme le Kenya, le Nigeria, l’Égypte et l’Afrique du Sud, le rapport constate que 88 % des articles sur le Kenya pendant la période électorale sont négatifs, contre seulement 48 % pour la Malaisie, un pays présentant un profil de risque similaire. De même, 66 % des articles sur les élections en Égypte sont négatifs, comparés à 32 % pour la Thaïlande. Ce biais médiatique entraîne une perception accrue des risques, ce qui se traduit par des taux d’intérêt plus élevés pour les emprunts internationaux.

Le rapport met en évidence que si l’image médiatique de ces pays était améliorée de 10 %, cela pourrait réduire leurs taux d’intérêt de 1 %, générant des économies équivalant à 0,14 % du PIB de ces nations. Extrapolé à l’ensemble du continent, cela représente une perte annuelle de 4,2 milliards de dollars. Ce montant pourrait être réinvesti dans des secteurs cruciaux tels que l’éducation, la santé ou l’accès à l’eau potable.

Le rapport souligne également que d’autres secteurs clés, tels que le tourisme et les investissements directs étrangers (IDE), sont eux aussi impactés par cette couverture médiatique biaisée. Afin de débloquer pleinement le potentiel économique du continent, les auteurs du rapport plaident pour une révision des représentations de l’Afrique dans les médias internationaux, en mettant davantage l’accent sur la diversité et les réussites du continent.


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