Cryptomonnaies : Une adoption croissante dans les pays en développement malgré les défis

Les cryptomonnaies gagnent du terrain, particulièrement dans les pays en développement où elles sont perçues comme un rempart contre l’inflation et un moyen de stockage de valeur. Toutefois, malgré cet engouement, la volatilité des marchés et les risques liés aux escroqueries freinent encore une adoption plus large au niveau mondial.

Selon le rapport « Global Survey on Crypto and Web3 2024 », publié le 10 décembre par la société spécialisée ConsenSys en collaboration avec YouGov, le Nigeria et l’Afrique du Sud se démarquent comme les pays où les taux de possession de cryptomonnaies sont les plus élevés dans le monde. L’étude, menée auprès de plus de 18 000 personnes âgées de 18 à 65 ans dans 18 marchés à travers l’Afrique, l’Asie, les Amériques et l’Europe, révèle que 73% des Nigérians possèdent ou ont déjà acheté des cryptomonnaies, plaçant le pays en tête du classement. L’Afrique du Sud arrive en deuxième position avec un taux de possession de 68%. Les Philippines et le Vietnam suivent avec 54%, tandis que l’Inde affiche un taux de 52%.

À l’inverse, les pays développés comme le Japon, la France, le Canada et l’Italie enregistrent des taux nettement plus faibles. Moins d’un adulte sur trois y déclare avoir déjà investi dans les cryptomonnaies, traduisant une réticence persistante liée aux incertitudes qui entourent ces actifs numériques. En moyenne, sur les 18 marchés étudiés, le taux de possession s’élève à 42%.

Les perspectives d’avenir s’annoncent toutefois prometteuses pour les marchés émergents, en particulier en Afrique et en Asie. Au Nigeria, 93% des personnes interrogées affirment vouloir investir dans les cryptomonnaies au cours des 12 prochains mois. Cette dynamique se retrouve également en Afrique du Sud, où 77% des citoyens envisagent de nouveaux investissements, ainsi qu’aux Philippines, en Inde et en Indonésie, où plus de la moitié des sondés déclarent un intérêt croissant pour ces actifs.

Cette tendance contraste fortement avec les pays développés où la majorité des sondés, notamment en France, en Allemagne et au Japon, se montrent peu enclins à investir dans les cryptomonnaies. Une position intermédiaire est toutefois observée dans certains pays comme les États-Unis, la Turquie ou encore l’Amérique latine, où l’adoption progresse, mais à un rythme plus modéré.

La perception des cryptomonnaies diverge également selon le contexte économique. Dans les pays en développement, ces actifs numériques sont souvent considérés comme une réponse aux difficultés économiques et à l’instabilité monétaire. En effet, 58% des Nigérians, 47% des Sud-Africains et 45% des Philippins perçoivent les cryptomonnaies comme « l’avenir de l’argent ». Ce constat tranche avec la vision plus sceptique des populations européennes, où seulement 19% des Britanniques et 17% des Allemands partagent cet avis.

Néanmoins, plusieurs obstacles continuent de limiter l’adoption des cryptomonnaies à l’échelle mondiale. La volatilité des marchés demeure le frein principal pour 20% des personnes interrogées. Viennent ensuite la prévalence des escroqueries (17%), le manque de connaissance sur les premières étapes à suivre pour investir (14%), la difficulté à comprendre l’utilité réelle des cryptomonnaies (11%) et enfin la complexité technologique (10%). Ces freins traduisent un besoin croissant d’éducation financière et de régulations adaptées pour renforcer la confiance des utilisateurs.

À travers ce rapport, le Nigeria et l’Afrique du Sud se confirment comme des pionniers de l’adoption des cryptomonnaies dans le monde. Ils montrent comment ces technologies peuvent s’imposer comme des solutions alternatives aux défis économiques et monétaires. Avec des perspectives positives en Afrique et en Asie, les cryptomonnaies pourraient jouer un rôle central dans la transformation financière des pays émergents. Toutefois, pour pérenniser cette adoption, il sera impératif d’accompagner les utilisateurs en renforçant la sécurité, la régulation et l’éducation autour de ces actifs numériques.