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El Yamani appelle à un SMIG équitable : une urgence sociale au Maroc

El Yamani appelle à un SMIG équitable : une urgence sociale au Maroc
Hier 17:33
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Malgré les promesses répétées d’une révision du salaire minimum légal dans un contexte où l’État se dit soucieux de l’intérêt général, la réalité des travailleurs marocains demeure préoccupante. Avec l’envolée des prix, des voix, dont celle de l’activiste El Houssine Yamani, plaident pour une révision du cadre réglementaire du travail et une application stricte des lois en vigueur.

Depuis plusieurs années, le gouvernement marocain annonce régulièrement la révision du salaire minimum, un engagement souvent pris dans un discours sur l’État social. Cependant, la réalité est bien plus complexe. Dans un contexte où les prix fluctuent sauvagement, notamment ceux des produits de première nécessité, le salaire minimum apparaît désormais comme insuffisant pour garantir un niveau de vie décent pour la majorité des travailleurs.

El Houssine Yamani a souligné l’importance de réformer en profondeur le cadre du travail au Maroc. "Le droit social, instauré à la fin du XIXe siècle, est un levier fondamental pour protéger les travailleurs face à l’exploitation. Parmi ses mesures phares figure l’instauration d’un salaire minimum, censé assurer à chaque travailleur un revenu suffisant pour vivre dignement", a-t-il rappelé.

Pourtant, selon l’activiste, un fossé important persiste entre les intentions législatives et la réalité vécue par les travailleurs marocains. Le Code du travail marocain, dans ses articles 356 et 358, fixe des principes clairs : le salaire minimum doit garantir un pouvoir d’achat adapté à l’évolution des prix et contribuer au développement social. Cependant, la réalité est tout autre.

Les récentes négociations entre syndicats, employeurs et gouvernement ont permis l’établissement de nouveaux barèmes du salaire minimum. Le décret du 3 janvier 2025 a fixé les montants suivants : 17,10 dirhams de l’heure pour les activités non agricoles, en vigueur depuis le 1er janvier 2025, et 93 dirhams par jour pour les activités agricoles, applicables dès le 1er avril 2025. Cela porte, pour les activités non agricoles, à un salaire mensuel de 3.260 dirhams, et à 2.418 dirhams pour les travailleurs agricoles.

Malgré ces ajustements, El Yamani estime que ces montants restent insuffisants pour garantir un niveau de vie décent. "Le salaire minimum ne permet plus de suivre l’évolution des prix des biens essentiels. Face à l’augmentation des loyers, des denrées alimentaires et des frais de transport, le SMIG n’est plus en adéquation avec les besoins vitaux des travailleurs", insiste-t-il.

L'une des problématiques majeures selon lui est l’ampleur du travail non déclaré. Une part importante des salariés, notamment dans les secteurs agricole, industriel et des services, travaille dans des conditions informelles, échappant ainsi aux protections légales. Cette situation est largement tolérée par les autorités, aggravant encore la précarité des travailleurs.

Pour El Yamani, plusieurs solutions doivent être mises en place pour rectifier cette situation. Il appelle à des contrôles plus rigoureux pour lutter contre le travail informel et à une criminalisation des pratiques qui contournent les lois sociales. Une réforme du SMIG, visant une augmentation réelle et significative, s’avère impérative. "Il est absurde qu’un travailleur sans charge familiale ne puisse pas subvenir à ses besoins avec 109 dirhams par jour", déplore-t-il.

Enfin, El Yamani souligne l'importance d'une réévaluation de la politique de libéralisation des prix. Il propose de réintroduire des subventions ciblées et d’instaurer un plafonnement des prix des produits de première nécessité pour alléger le fardeau des ménages les plus modestes.

Il alerte également sur un autre point crucial : "Avec la discussion en cours du projet de loi sur le droit de grève, il est possible qu’une mobilisation pour la revalorisation du SMIG soit rendue illégale si cette loi est adoptée. Cela expose les contradictions entre les discours sur l’État social et les politiques publiques", conclut-il.

El Houssine Yamani appelle donc à des mesures concrètes et urgentes afin d'assurer un véritable équilibre social et économique, et garantir à tous les travailleurs marocains un avenir plus juste et équitable.

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