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Espagne : Les défis du 1e gouvernement de coalition

Espagne : Les défis du 1e gouvernement de coalition
Lundi 13 Janvier 2020 - 13:30
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Il a fallu attendre 45 ans pour voir l’Espagne se doter de son premier gouvernement de coalition formé après neuf mois d’impasse politique et la tenue de deux élections législatives en sept mois.

Résultat de négociations rudes et intenses entre les différents partis politiques, le gouvernement conduit par le leader socialiste, Pedro Sanchez, est composé pour la première fois de l’histoire démocratique de l’Espagne de membres de deux formations politiques : le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) et la coalition Unidas Podemos.

Toutefois, le gouvernement de coalition dispose seulement de 155 députés au Congrès et aura besoin du soutien de 21 autres parlementaires, issus d’autres formations politiques, pour approuver les réformes promises en matière économique, judiciaire, sociale et environnementale.

Son premier défi, et le plus important pour garantir une certaine stabilité de la législature, sera la loi générale du budget de l’État, liée aux réformes fiscales annoncées dans les lois qui réglementent l’impôt sur le revenu des personnes physiques, l’impôt sur les sociétés et la TVA.

Le rejet par l’opposition des comptes établis par l’Exécutif socialiste en 2019 a conduit à la dissolution du Parlement et la tenue d’élections anticipées. Ainsi, le vote du budget de 2020 est la première menace sérieuse pour la continuité du gouvernement de coalition.

Le conflit catalan s’invite également avec force dans le programme du gouvernement. Pedro Sanchez, qui a eu la confiance des députés de Unidas Podemos et le soutien du Parti nationaliste basque (PNV) et de la Gauche républicaine catalane (ERC) pour être investi comme président du gouvernement, est appelé à reprendre le dialogue avec les responsables catalans pour résoudre le conflit politique qui dure depuis des années dans cette région du nord-est de l’Espagne.

En effet, le premier pas a été déjà donné jeudi dernier lors d’une conversation téléphonique entre Pedro Sanchez et le président du gouvernement catalan, Quim Torra, lors de laquelle le chef de l’exécutif central a fait part de sa détermination à “relancer et reprendre le dialogue” et sa « volonté sincère d’essayer de régler le conflit en Catalogne”.

En plus, Sanchez s’est engagé à négocier avec ERC pour parvenir à une issue au conflit catalan. L’objectif du gouvernement de coalition est de couronner ces négociations par une réforme du Statut de la Catalogne qui améliorera l’autonomie de cette communauté, alors que ERC et le gouvernement catalan réclament une autorisation pour organiser un référendum sur l’autodétermination en Catalogne, ce qui nécessiterait une réforme constitutionnelle.

Au volet économique, le nouveau gouvernement espagnol entend entreprendre une série de mesures qui conduiront à l’abrogation de plusieurs dispositions de la réforme de la loi travail approuvée en 2012 par l’Exécutif de Mariano Rajoy. Parmi les défis fixés par le PSOE et Unidas Podemos on retrouve également l’élaboration d’un nouveau statut des travailleurs, l’interdiction par la loi de la possibilité de licenciement pour cause d’absentéisme causé par une maladie, l’adoption de nouvelles conventions collectives en coordination avec les centrales syndicales et la mise en place d’accords sectoriels.

Parmi les défis du gouvernement Sanchez figure également la promotion des accords de consensus parlementaire permettant le renouvellement des organes constitutionnels, comme le Conseil général du pouvoir judiciaire ou la Cour constitutionnelle.

La loi établit une majorité des trois cinquièmes au Congrès et au Sénat pour procéder à ces renouvellements. Sans le soutien du Parti populaire (PP), le renouvellement de ces organes est voué à l’échec.

Formé après des négociations complexes, le gouvernement de Sanchez devra faire face à une épreuve de feu lors des prochains mois pour honorer ses engagements et survivre aux attaques de l’opposition, notamment le PP, qui a déjà annoncé les couleurs en menaçant de présenter à la justice compétente toute réforme ou accord portant atteinte aux dispositions de la Constitution.

 

Source : MAP

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