Au lendemain d’un premier tour des municipales ignoré par une majorité d’électeurs inquiets du coronavirus, la tenue ou pas du second tour est la question la plus brûlante posée lundi à l’exécutif, alors que les Français s’attendent au choc d’un confinement.
Parmi les quelque 47,7 millions d’électeurs appelés à élire leur maire dimanche, moins de la moitié aura effectivement glissé un bulletin dans l’urne, après que le gouvernement a décrété samedi soir la fermeture de tous les “lieux recevant du public non indispensables à la vie du pays”. Un chiffre historique pour un scrutin généralement mobilisateur chez les Français.
Dimanche, les écologistes d’EELV ont effectué une belle percée. Ils peuvent nourrir des espoirs sérieux à Strasbourg, Bordeaux, Lyon, Besançon et Grenoble notamment. Le RN de Marine Le Pen a confirmé, par plusieurs victoires dès le premier tour, ses positions acquises en 2014 à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), Fréjus (Var), Hayange (Moselle) ou Beaucaire (Gard). Il s’est aussi placé en situation de conquérir Perpignan.
Le ballottage favorable au Havre du Premier ministre Edouard Philippe et la victoire à Tourcoing du ministre des Comptes publics Gérald Darmanin n’ont pas occulté le fait que l’implantation locale de LREM n’était pas en marche. Le PS a brillé à Paris grâce à la maire sortante Anne Hidalgo, autour de 30% et qui semble avoir écarté la double menace de Rachida Dati (LR) et d’Agnès Buzyn (LREM). Enfin LR, qui avait triomphé aux municipales de 2014 avant de s’effondrer à partir de 2017, s’est à peu près maintenu.
Dans les grandes villes, le LR Christian Estrosi a frôlé la réélection à Nice avec 47,6% des voix. A Marseille, la succession de Jean-Claude Gaudin était bien plus incertaine pour la candidate LR Martine Vassal, confrontée à une dissidence, et donnée au coude-à-coude avec la liste de gauche de Michèle Rubirola, devant Stéphane Ravier (RN). A Bordeaux, le match s’annonce extrêmement serré entre le maire sortant Nicolas Florian (LR), allié au MoDem, et son opposant Pierre Hurmic (EELV). A Lille, la sortante PS Martine Aubry frôle les 30%. Et à Toulouse, le sortant Jean-Luc Moudenc, soutenu par LR et LREM, est bien placé (35,3%).
Ce tableau nuancé a été largement éclipsé par celui de la propagation inexorable en France de l’épidémie de coronavirus. Elle a fait dimanche 37 nouveaux morts, portant le bilan à 127 décès et plus de 5.400 cas confirmés. Tout indique que sa progression s’accélère.
De quoi conduire les responsables politiques eux-mêmes à s’interroger en priorité sur l’opportunité de tenir le second tour des municipales dimanche 22 mars.
Source : MAP