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Oignons à prix d’or : quand la spéculation étouffe producteurs et consommateurs au Maroc
Depuis le début de l’année, les consommateurs marocains sont confrontés à une envolée spectaculaire du prix de l’oignon sec, atteignant parfois jusqu’à 12 dirhams le kilo sur les étals des marchés. Un choc pour le pouvoir d’achat, d’autant plus paradoxal que les producteurs eux-mêmes, notamment ceux d’El Hajeb, peinent à rentabiliser leur récolte. Une situation qui soulève des interrogations profondes sur les dysfonctionnements du circuit de commercialisation agricole au Maroc.
À El Hajeb, région connue pour sa production d’oignons rouges de qualité, notamment dans les zones de Sabaâ Aïyoun et Aït Boubidmane, les agriculteurs vendent leur produit à des prix dérisoires – parfois à peine 0,50 dirham le kilo. Pendant ce temps, les prix flambent dans les grandes villes, créant un décalage flagrant entre la valeur à la source et celle à la vente.
Soufiane Gnaoui, producteur à Aït Boubidmane, évoque une conjonction de facteurs pour expliquer cette hausse : « Nous sommes dans une période de transition entre deux campagnes. Les oignons actuellement sur le marché proviennent de stocks anciens. Or, le stockage entraîne des pertes et des frais de conservation qui se répercutent sur le prix final. »
À cela s’ajoute une autre réalité souvent passée sous silence : la spéculation. De nombreux intermédiaires interviennent entre le champ et le consommateur, gonflant artificiellement les prix et captant l’essentiel de la marge. Mohammed Ahrimech, agriculteur à Bouderbala, en témoigne : « Nous faisons tout le travail, du labour à la récolte, en passant par la "tahrifa", une technique exigeante. Mais au final, ce sont les spéculateurs qui en tirent profit. »
Les défis ne s’arrêtent pas là. Le manque de pluie, l’absence de politiques de soutien efficaces et le manque d’infrastructures adaptées – notamment de centres de stockage réfrigérés – accentuent la fragilité de la filière. Dans les bonnes années, un hectare peut produire jusqu’à 40 tonnes d’oignons, mais cette performance reste tributaire de conditions climatiques favorables et d’un accompagnement logistique que beaucoup d’agriculteurs réclament en vain.
Face à cette crise, les appels à une réforme structurelle se multiplient. Les agriculteurs demandent notamment :
- L’ouverture à l’export pour réguler le marché intérieur.
- La mise en œuvre de projets agricoles en attente, comme l’Agropolis de Meknès.
- La création d’un cadre réglementaire limitant la spéculation.
- Des investissements publics dans le stockage et le transport pour réduire les pertes post-récolte.
Alors que la filière oignon représente un pan essentiel de l’agriculture locale, les professionnels de terrain appellent à une prise de conscience nationale. Car au-delà du prix sur le marché, c’est tout un écosystème agricole qui risque l’asphyxie.
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