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Chèvres importées à Chefchaouen : l’Agriculture justifie les prix controversés

09:30
 Chèvres importées à Chefchaouen : l’Agriculture justifie les prix controversés
Par: Naji khaoula
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Une récente opération d’acquisition de chèvres destinées aux éleveurs de la région de Chefchaouen a suscité de vifs débats. En cause : le prix unitaire, jugé élevé par certains internautes et observateurs, de caprins importés d’Espagne dans le cadre d’un projet de soutien au développement local. Face à la polémique, les services régionaux de l’Agriculture montent au créneau pour défendre le bien-fondé de cette démarche.

Tout est parti d’un appel d’offres lancé pour l’achat de 250 chèvres à destination des agriculteurs du cercle de Bab Taza. Les prix proposés par les soumissionnaires, allant de 6.000 à 6.500 dirhams par animal, ont provoqué une vague de réactions. Beaucoup les jugent démesurés au regard du marché local, où certaines chèvres s’échangent à moins de 2.000 dirhams.

Mais pour la direction régionale de l’Agriculture de Tanger-Tétouan-Al Hoceïma, ces montants sont « justifiés » et « conformes aux standards exigés ». Les chèvres en question ne sont pas de simples animaux de boucherie : il s’agit de races spécialisées à haute valeur génétique, notamment les Murciano-Granadina et Florida, toutes deux originaires d’Espagne. Recherchées pour leur grande capacité laitière et leur aptitude à la reproduction, ces caprins sont rarement disponibles sur le marché marocain.

Les responsables soulignent également que le coût d’acquisition intègre plusieurs éléments essentiels : le prix de la bête (environ 3.500 à 4.000 dirhams en Espagne), les frais d’analyse génétique (1.000 dirhams), le transport, la quarantaine obligatoire dans un site sécurisé, et les analyses sanitaires demandées par les autorités marocaines (estimées à 280 dirhams par tête). Des conditions strictes sont imposées, notamment par l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA), afin d’éviter l’introduction de maladies.

Le choix des animaux est par ailleurs soumis à une sélection rigoureuse. Ceux qui ne répondent pas aux critères fixés sont systématiquement exclus, garantissant ainsi la qualité et la traçabilité du cheptel introduit. À noter que même sur le marché local, certains éleveurs refusent de céder ce type de chèvres à moins de 7.500 dirhams.

Les services agricoles rappellent aussi que ces investissements s’inscrivent dans une logique de renforcement durable du cheptel caprin, particulièrement dans les zones montagneuses où l’élevage reste un levier économique crucial. L’objectif n’est donc pas seulement d’importer, mais de créer les conditions d’une reproduction sur place, avec des femelles capables de mettre bas des jumeaux et de produire un lait de qualité.

Face à la polémique, les responsables appellent à faire preuve de discernement. Ils mettent en garde contre les discours réducteurs et les comparaisons trompeuses avec des chèvres locales, souvent sans traçabilité ni garantie sanitaire. Selon eux, ces critiques risquent de freiner des initiatives pourtant cruciales pour l’avenir du monde rural.

La controverse autour des chèvres importées à Chefchaouen met en lumière les enjeux complexes liés au développement agricole : entre coût, qualité et transparence, la recherche d’un élevage performant passe parfois par des choix stratégiques, mais incompris.



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