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Crise de confiance : les partis politiques ne parlent plus aux jeunes

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Crise de confiance : les partis politiques ne parlent plus aux jeunes
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Une étude universitaire récente met en lumière une fracture profonde entre les jeunes Marocains et les partis politiques traditionnels, révélant une défiance croissante à l’égard d’un paysage partisan jugé déconnecté, dépassé, voire inadapté aux réalités du XXIᵉ siècle.

Réalisée par le chercheur Abdelhaq Haji de l’Université Hassan II de Casablanca et publiée dans la revue Al-Bahit des études et recherches scientifiques, l’étude s’intitule « Entre recul et pari : l’avenir de l’influence partisane dans la culture politique au Maroc ». Elle s’appuie sur un échantillon de 300 étudiants, dont 78 % affirment ne pas se reconnaître dans les partis politiques actuels, qu’ils perçoivent comme incapables d’incarner leurs aspirations ou de répondre à leurs préoccupations concrètes.

Un système partisan jugé obsolète

L’enquête identifie deux niveaux de causes à cette crise de confiance :

  • Des blocages organisationnels : des structures lourdes et vieillissantes, un manque de démocratie interne, une absence de renouvellement des élites et une personnalisation excessive du pouvoir.
  • Un vide axiologique : l’effacement des idéologies structurantes, des programmes souvent flous, un discours partisan en perte d’impact, et une incapacité à s’adapter aux formes d’engagement contemporain.

Pour Abdelhaq Haji, cette perte de légitimité est accentuée par l’essor d’une culture politique numérique. En effet, 66 % des jeunes interrogés déclarent s’informer principalement via les réseaux sociaux, confirmant un déplacement des lieux de socialisation politique loin des partis traditionnels, qui peinent à investir efficacement ces espaces.

Une mission constitutionnelle en suspens

La Constitution marocaine de 2011 attribue pourtant aux partis le rôle central de formation et d’encadrement politique des citoyens. Mais cette mission reste, selon l’auteur, largement théorique, faute d’initiatives pédagogiques, d’ancrage territorial et de dialogue avec les jeunes générations.

L’étude souligne que ce déficit ne s’explique pas par un manque de ressources, mais plutôt par une inertie stratégique, une méconnaissance des attentes de la jeunesse et une incapacité à renouveler les formes d’engagement.

Quelle issue pour réconcilier la jeunesse et la politique ?

Alors que le Maroc s’apprête à relever de nombreux défis nationaux et globaux, cette désaffection pose la question du renouvellement du contrat politique avec les jeunes, qui représentent une force démographique et sociale incontournable.

Pour les partis politiques, le diagnostic est désormais posé : sans une réinvention profonde de leur fonctionnement, de leur discours et de leur rapport à la société, ils risquent de devenir des structures de plus en plus marginalisées. À l’inverse, une ouverture vers les outils numériques, une transparence interne accrue et un vrai travail de proximité pourraient permettre de retisser le lien avec une jeunesse en quête de sens, d’impact et de représentation authentique.



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