-
16:00
-
15:15
-
15:06
-
14:35
-
14:00
-
13:10
-
13:00
-
12:12
-
12:00
-
11:48
-
11:37
-
11:35
-
11:11
-
11:00
-
10:45
-
10:31
-
10:00
-
09:55
-
09:29
-
09:27
-
09:00
-
08:31
-
08:15
-
08:10
-
08:00
-
08:00
-
07:45
-
07:30
-
07:20
-
07:02
-
22:45
-
22:13
-
21:36
-
21:27
-
21:14
-
20:45
-
20:16
-
20:00
-
19:30
-
19:00
-
18:51
-
18:44
-
18:31
-
18:10
-
17:44
-
17:33
-
17:29
-
17:04
-
17:00
-
16:58
-
16:44
-
16:31
Suivez-nous sur Facebook
France : début du procès historique visant Lafarge et ses anciens dirigeants
Le tribunal correctionnel de Paris ouvre ce mardi un procès inédit mettant en cause Lafarge et huit de ses anciens dirigeants. Le cimentier français, aujourd’hui intégré au groupe suisse Holcim, est accusé d’avoir versé des fonds à des organisations jihadistes en Syrie, dont l’État islamique, afin de maintenir l’activité de sa cimenterie de Jalabiya jusqu’en 2014.
Jusqu’au 16 décembre, les juges examineront des faits qualifiés de financement d’entreprises terroristes, ainsi que de violation présumée de sanctions économiques internationales. Une première en France pour une entreprise de cette envergure.
Une implantation stratégique devenue affaire d’État
Lafarge avait investi 680 millions d’euros dans cette unité syrienne, mise en service en 2010. Alors que la plupart des grands groupes avaient quitté le pays dès 2012, l’industriel avait choisi de poursuivre ses opérations avec son personnel local jusqu’à la prise du site par l’EI, en septembre 2014.
Les enquêteurs soupçonnent la filiale Lafarge Cement Syria d’avoir payé plusieurs millions d’euros à des intermédiaires afin de sécuriser approvisionnements, déplacements et production dans une région sous contrôle de groupes armés — parmi lesquels l’EI et Jabhat al-Nosra, classés organisations terroristes.
Direction impliquée, responsabilités contestées
Parmi les prévenus figurent l’ancien PDG Bruno Lafont et plusieurs cadres de la chaîne opérationnelle et de sûreté. Tous contestent les accusations et affirment ne pas avoir validé de paiements illicites.
En 2022, Lafarge SA avait déjà reconnu auprès de la justice américaine le versement de près de 6 millions de dollars à des groupes jihadistes, acceptant une amende de 778 millions de dollars. Une décision que la défense considère comme une stratégie visant à protéger les intérêts du groupe, sans préjuger de la culpabilité des anciens dirigeants.
En France, Lafarge risque jusqu’à 1,125 million d’euros d’amende pour financement du terrorisme — une sanction pouvant grimper à dix fois le montant retenu pour violation de l’embargo international.
En toile de fond : renseignement, gouvernance et zones d’ombre
L’affaire soulève aussi la question du rôle de l’État français et des échanges éventuels entre Lafarge et les services de renseignement. Les magistrats instructeurs ont toutefois estimé qu’aucune information ne venait étayer l’hypothèse d’un feu vert officiel aux paiements incriminés.
Les associations Sherpa et ECCHR, parties civiles, y voient un test majeur pour la responsabilité juridique des multinationales opérant en zones de conflit.
Parallèlement au procès en correctionnel, l’instruction se poursuit sur le volet des accusations de complicité de crimes contre l’humanité.