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Gouvernance au Maroc : un recul préoccupant dans le classement mondial 2025

Gouvernance au Maroc : un recul préoccupant dans le classement mondial 2025
17:40
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Le Maroc a perdu cinq places dans l’édition 2025 du Chandler Good Government Index (CGGI), un classement international qui évalue la capacité des États à bien gouverner. Le Royaume se retrouve désormais à la 75e position sur 120 pays, avec un score de 0,466 sur 1, contre la 70e place en 2024.

Un outil de mesure de la performance institutionnelle

Publié par le Chandler Institute of Governance, basé à Singapour, cet indice ne se limite pas à évaluer les résultats concrets des gouvernements. Il s’attache avant tout à mesurer leur capacité institutionnelle, à travers sept piliers et 35 indicateurs couvrant des domaines variés : leadership, gestion financière, qualité des lois, services publics, ou encore inclusion sociale.

Des points forts limités à la vision stratégique

Le Maroc tire son meilleur score dans le pilier « Leadership et vision stratégique », où il atteint la 50e place mondiale. Le pays se distingue notamment par sa vision à long terme (28e place), reflet d’une volonté affirmée de projeter son développement dans la durée. Toutefois, cette dynamique est ternie par un leadership éthique jugé faible (71e).

Des faiblesses criantes dans les services aux citoyens

C’est surtout dans le pilier « Aider les citoyens à progresser » que le Maroc accuse un retard important. Le Royaume y chute à la 85e place, avec des scores alarmants dans l’éducation (97e), les services publics (103e), l’emploi (109e) et l’égalité des genres (112e). Ces résultats traduisent un décalage entre ambitions stratégiques et mise en œuvre concrète des politiques sociales.

Des institutions et lois encore fragiles

Le pilier « Institutions solides » positionne le Maroc à la 87e place, soulignant des carences persistantes en matière de gouvernance institutionnelle, d’indépendance et de transparence. Dans le pilier « Lois et politiques solides », le pays est 76e, avec des performances en demi-teinte concernant la protection des droits (75e) et la transparence (92e), ce qui reflète un besoin urgent de renforcer l’accès à l’information publique.

Attractivité économique et rayonnement international à renforcer

Sur le plan économique, le Maroc est 71e dans le pilier « Marchés attractifs », malgré une bonne performance sur la stabilité législative (26e). Les droits de propriété (83e) et l’attractivité pour les investissements (73e) restent néanmoins des maillons faibles.

En matière de gestion financière, le pays occupe la 70e place, porté par l’efficacité des dépenses publiques et une gestion prudente des risques de crédit. Cependant, son excédent budgétaire (85e) montre les limites de sa discipline budgétaire.

Concernant le rayonnement international, le Maroc est 73e, malgré une solide présence diplomatique (32e). Sa puissance symbolique reste limitée, comme en témoignent ses classements modestes dans le commerce international (83e) et la valeur du passeport (84e).

Le contexte régional et continental

Sur le continent africain, le Maroc se classe 4e, derrière l’Île Maurice, le Rwanda et le Botswana, mais devant des puissances économiques comme l’Afrique du Sud. Au niveau du monde arabe, il est devancé par les Émirats arabes unis (9e mondial) et l’Arabie saoudite (38e), mais reste mieux classé que l’Égypte, la Tunisie ou l’Algérie.

Une alerte pour les réformes à venir

Ce recul dans le classement CGGI 2025 doit être interprété comme un signal d’alarme. Si le Maroc montre des ambitions claires en matière de stratégie et de diplomatie, ses déficits structurels dans les services publics, l’éducation, la justice et l’inclusion sociale freinent sa progression.

La mise en œuvre effective des réformes prévues dans la feuille de route 2022-2026 pour la réforme de l’éducation, ou encore dans le chantier de la régionalisation avancée, pourrait améliorer cette situation. Toutefois, sans un renforcement des institutions et une politique plus inclusive, les ambitions de bonne gouvernance risquent de rester théoriques.

En conclusion, le Maroc se trouve à un tournant : capitaliser sur ses atouts stratégiques ou laisser s’installer des fragilités qui freinent son développement durable. Le défi de la gouvernance, en 2025, est plus que jamais d’actualité.

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