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L'Australie adopte le droit à la déconnexion : Une révolution pour les salariés

L'Australie adopte le droit à la déconnexion : Une révolution pour les salariés
Mardi 27 Août 2024 - 08:12
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Ce lundi 26 août, l'Australie a franchi une étape historique en matière de droit du travail avec l'entrée en vigueur de la loi sur le droit à la déconnexion. Sept ans après la France, les salariés australiens peuvent désormais refuser de répondre aux sollicitations professionnelles en dehors de leurs horaires de travail, à moins que ce délai ne soit jugé "raisonnable". Une avancée majeure pour l'équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle.

Une victoire pour les salariés

Michele O’Neil, présidente du Conseil australien des syndicats, a salué cette nouvelle loi comme un "jour historique pour les salariés". Elle a souligné que les Australiens pourront enfin "passer du bon temps avec leurs proches sans avoir le stress d’être obligés de répondre constamment à des appels et messages professionnels déraisonnables".

En vertu de cette loi, les salariés peuvent désormais "refuser de surveiller, de lire ou de répondre" aux sollicitations de leurs employeurs en dehors de leurs horaires de travail. Cette mesure vise à réduire la pression constante que ressentent de nombreux employés, souvent contraints de rester connectés même après leur journée de travail.

Des réserves du côté des employeurs

Cependant, l'Australian Industry Group, une organisation patronale, a exprimé ses réserves. Elle qualifie la loi de "précipitée, mal pensée et profondément déroutante". Selon elle, cette nouvelle législation pourrait créer de la confusion parmi les employeurs et les employés, notamment en ce qui concerne l'acceptation ou le refus des appels en dehors des heures de travail pour proposer des heures supplémentaires.

Anna Booth, du Fair Work Ombudsman (FWO), une institution australienne indépendante chargée de veiller à la conformité des lois et de réguler les relations sur le lieu de travail, a encouragé les travailleurs à s'informer sur le droit à la déconnexion et à adopter une approche sensée pour l'appliquer sur leur lieu de travail.

Le FWO a précisé que juger ce qui est "raisonnable" dépend des circonstances. Les facteurs décisifs peuvent inclure la raison du contact ou la nature du poste de l’employé. Cette flexibilité permet de prendre en compte les spécificités de chaque situation.

Une question de santé mentale

Le Premier ministre travailliste Anthony Albanese a souligné l'importance de cette réforme pour la santé mentale des salariés. "Nous voulons nous assurer que, comme les gens ne sont pas payés 24 heures sur 24, ils n’aient pas à travailler 24 heures sur 24", a-t-il déclaré à la télévision publique. "C’est aussi une question de santé mentale, franchement, que les gens puissent se déconnecter de leur travail et se rapprocher de leur famille et de leur vie", a-t-il ajouté.

Un délai pour les petites entreprises

Les petites entreprises de moins de 15 salariés ont obtenu un délai supplémentaire pour se conformer à cette nouvelle loi. Elles devront appliquer le droit à la déconnexion à partir du 26 août 2025. Cette mesure permet de donner aux petites structures le temps nécessaire pour s'adapter à ces nouvelles exigences.

Une tendance mondiale

Le droit à la déconnexion est une tendance mondiale qui gagne du terrain. Après la France en 2017, l'Espagne en 2018 et la Belgique en 2022, l'Australie rejoint la liste des pays qui ont adopté cette mesure pour améliorer la qualité de vie de leurs salariés.

L'entrée en vigueur de la loi sur le droit à la déconnexion en Australie marque une avancée significative pour les droits des salariés. En permettant aux employés de se déconnecter de leur travail en dehors des heures de bureau, cette loi vise à améliorer leur bien-être et leur santé mentale. Bien que des réserves subsistent du côté des employeurs, cette mesure pourrait bien redéfinir les normes du travail moderne et inspirer d'autres pays à suivre cette voie.


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