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L'universitaire Kais Saed ou l’intriguant Monsieur propre
Le séisme provoqué par les résultats du premier tour du scrutin présidentiel, du 15 septembre dernier, a propulsé dans la vie politique deux figures atypiques, anti-système et antinomiques. Les deux vont s’affronter dans un deuxième tour prévu en octobre prochain, qui se tiendra au plus tard le 13 octobre prochain, mais qui s’annonce aussi indécis qu’âprement disputé.
Kais Said, en tête du premier tour, est un néophyte dans la vie politique, il véhicule une image idyllique de probité et de droiture, de "Monsieur propre" dans un pays rongé par la corruption et qui a souffert des errements d’une classe politique qui n’a brillé que par les surenchères stériles que toute autre chose.
Le second, Nabil Karoui, placé en détention depuis le 23 août dernier sur ordre de la justice, qui le soupçonne de fraude fiscale et de blanchiment d'argent, est parvenu à éliminer ses adversaires les plus acharnés, en restant dans la course finale pour Carthage. Le secret de sa réussite, sujet de controverses, réside dans son engagement sur le front social en matière de lutte contre la pauvreté.
Les deux candidats qui ont accédé au deuxième tour, ont certes gagné la confiance des Tunisiens (un taux de participation de 45% contre 64% en 2014) mais leurs campagnes suscitent d’ores et déjà embarras et surtout des questions sur la porte de sortie qui sera trouvée pour éviter une disqualification de Nabil Karoui. Cette possibilité qui ne pourra survenir qu’en cas de jugement définitif du candidat à plus de dix ans de prison ferme assortie d’une peine d’inéligibilité et après avoir épuisé tous les recours.
Incontestablement, la personnalité qui a recueilli le plus grand nombre de voix lors de ce premier tour, hors normes, (19,5% des suffrages exprimés), a beaucoup surpris et intrigué. Cet outsider qui s’est lancé dans une rude bataille électorale presque sans armes, ni moyens, s’est trouvé par la force des choses dans la posture de favori.
Figure qui se déclare indépendante, n’ayant derrière lui ni un parti ni une machine électorale au sens propre du terme, Kais Saied, 61 ans, professeur de droit constitutionnel a réussi là où tous ses concurrents ont lamentablement échoué. Il a pu attirer vers lui une majorité de ceux qui n’avaient pas voté en 2014, notamment les nouveaux inscrits parmi les jeunes.
Sa campagne électorale a été minimaliste et ses apparitions médiatiques très rares, pourtant il est parvenu à séduire un électorat qui se sentait "exclu" de la scène politique jusque-là.
Ce conservateur a un credo "antisystème". Son apparition il y a plus d’un an dans les sondages a d’abord surpris, ensuite suscité sarcasmes puis quelques sérieuses interrogations. Son discours souvent monocorde au débit saccadé, chaque fois qu’il est consulté sur les problèmes constitutionnels, lui a valu le sobriquet de "Robocop".
Dès le départ, il a choisi sa voie qui consiste à mener son combat en solitaire, acceptant volontairement de se présenter dans la course électorale sans parti ni de moyens conséquents. Il tire sa force de sa simplicité, de l’image de droiture dont il bénéficie, de son ouverture sur l’autre et de son approche pragmatique des choses. Il ne recule à prendre les transports en commun, à avoir en première ligne des jeunes qui ont cru en lui, en la démarche qu’il prône et à l’écart qu’il observe de la classe politique traditionnelle.
Pour cette raison évidente, son ascension, lors d’un scrutin considéré dès le départ imprévisible, a été considérée comme l’expression du ras-le-bol vis-à-vis de cette classe politique qui n’a pas pu et su être proche des Tunisiens et de leurs préoccupations les plus brûlantes.
Contrairement à ses concurrents, qui ne lésinent pas sur les moyens, sa campagne a été un modèle d'ascétisme. Ni meetings coûteux ni campagnes de communication tonitruantes, juste des contacts informels dans les lieux publics, des visites ciblées et des discussions orientées sur des sujets qui interpellent un électorat gagné par le doute et qui ne se reconnait plus dans le système.
Même s’il n’a jamais occupé un poste de responsabilité, il affirme que "la politique n’est pas une question d’expérience. La politique, c’est de présenter un projet, une vision pour la gestion des affaires publiques".
Pour lever toute ambiguïté sur ses choix politiques, il défend l’idée d’un régime républicain et de la souveraineté du peuple qui ne se matérialise, selon lui, qu’à travers un tel régime. Son principal argument de campagne a été de critiquer les élites au pouvoir, mettant dans le même sac tous les partis faisant valoir qu’il n’est pas là "pour vous vendre du rêve".
Son programme est un patchwork d’initiatives qui peuvent paraître idéalistes sentant, en même temps, une forte dose de conservatisme. Il propose un changement de système en changeant d’institutions : Réforme de la Constitution et des modes de scrutins, décentralisation "afin que la volonté du peuple parvienne jusqu'au pouvoir central et mette fin à la corruption".
Pour lui, "le rôle traditionnel et habituel du pouvoir central est bel et bien terminé", soutenant que "le peuple crée la richesse et doit en bénéficier". Il affiche son refus de l’abolition de la peine de mort et de l’abrogation de certains textes concernant les libertés individuelles, les atteintes à la pudeur ou l’égalité en matière d’héritage.
Tel un ovni qui a investi l’espace politique, Kais Saied, qui trouve un soutien venant de la plupart des familles politiques, intrigue. Il va falloir pour confirmer le bon score qu’il a réalisé lors du premier tour, qu’il sorte de sa coquille, communique et dévoiler aux Tunisiens les détails de son programme afin de lever bien des zones d’ombre et confirmer le bon score qu’il a réalisé le 15 septembre dernier.
Source : MAP