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La fin des voitures thermiques : une transition forcée pour l'industrie automobile française
En 2035, l'Union Européenne interdira la vente de voitures neuves à essence ou diesel. Cette mesure marque un tournant crucial pour l'industrie automobile, un secteur clé employant environ 200 000 personnes en France. L'objectif est de réduire les émissions de gaz à effet de serre, mais cela impose une transformation rapide et profonde pour une industrie déjà en proie à une course effrénée à la productivité.
Séverine Person, employée chez Walor à Vouziers, exprime sa frustration : « La transition, on aurait pu la faire quand Walor nous a rachetés (en 2018), mais ils n’ont pas investi ». Cette remarque reflète l'incertitude et l'inquiétude ressenties par de nombreux travailleurs du secteur, alors que le marché des véhicules thermiques décline. L'usine de Vouziers, spécialisée dans la fabrication de pièces pour camions et voitures, est désormais menacée de fermeture, et le fonds allemand Mutares envisage de céder les sites des Ardennes.
Alors que le Nord-Pas-de-Calais prospère avec ses méga-usines de batteries, l'avenir semble plus sombre pour les travailleurs des Ardennes. Le secteur automobile traditionnel, longtemps un pilier de l'économie régionale, est en déclin, et la transition vers l'électrique pose des défis importants. Bruno Bodson, délégué CFDT, rappelle une époque où les usines locales fournissaient du travail abondant, soulignant la dépendance croissante à l'égard de la production mondiale.
Même dans les Hauts-de-France, région clé pour l'industrie automobile, la transition n'est pas sans défis. À Douvrin, la méga-usine d'ACC, coentreprise de Stellantis, TotalEnergies et Mercedes, est un exemple de reconversion réussie. Sur un ancien site de production de moteurs thermiques, les travailleurs se forment désormais à la production de batteries électriques. Cette transition répond à un « besoin social » de reconversion des employés, mais elle ne suffit pas à dissiper toutes les inquiétudes.
L'industrie automobile est confrontée à un paradoxe : bien que les intentions de recrutement soient élevées et que des milliers d'emplois soient prévus dans les méga-usines et le recyclage des batteries, le secteur pourrait perdre environ 40 000 emplois en raison du déclin des moteurs thermiques et du diesel. L'économiste Bernard Jullien souligne que cette transformation pourrait être aussi drastique que celle de la sidérurgie, avec des impacts significatifs dans les Hauts-de-France, le Grand Est et la Normandie.
En parallèle, la transition vers l'électrique reste complexe. Les ventes de voitures électriques sont encore modestes, et la délocalisation de la production est un risque majeur. La Fondation pour la nature et l'homme et l'IMT-Iddri ont publié une étude optimiste sur le potentiel de relocalisation de la production de petites voitures en Europe, mais le spectre d'un « double effet “Kiss Cool” » – électrification et délocalisations – plane toujours.
L'avenir de l'industrie automobile française est incertain. La transition vers l'électrique représente une opportunité majeure, mais aussi un défi de taille pour les entreprises et les travailleurs. L'industrie devra s'adapter rapidement pour naviguer dans ce nouveau paysage, avec l'espoir que cette transformation conduira à un avenir plus durable et économiquement viable.