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La violence envers les jeunes filles au Maroc : Une réalité alarmante et banalisée
Une étude alarmante du Haut-Commissariat au Plan (HCP) révèle que plus de sept jeunes filles sur dix, âgées de 15 à 19 ans, ont subi une forme de violence au cours des 12 derniers mois. Cette statistique, rendue publique le 25 mars 2025, souligne la réalité tragique et souvent invisible que vivent les jeunes filles marocaines. L’enquête, basée sur les données de l’enquête nationale sur la violence à l'encontre des femmes et des hommes menée en 2019, met en évidence un fléau persistant et multiforme, souvent banalisé par la société.
Les résultats de l’étude sont frappants : près de 60 % des jeunes filles subissent des violences dans le cadre domestique, que ce soit sous forme de violences conjugales, familiales ou économiques. Dans les relations intimes, les abus physiques, les agressions sexuelles et le harcèlement psychologique sont monnaie courante. Environ une jeune fille sur deux a été frappée, bousculée ou humiliée par son partenaire, souvent dans le silence complice du foyer, où la violence est parfois perçue comme une norme sociale.
L'école, censée être un lieu d'apprentissage et de sécurité, devient également un terrain de violences pour un quart des jeunes filles interrogées. La violence scolaire touche plus particulièrement les zones rurales (34,9 %) par rapport aux zones urbaines (22,8 %). Les auteurs de ces violences sont majoritairement des camarades de classe (62 %) ou des enseignants (31 %). Les actes de harcèlement, de menaces et d'agressions sexuelles sont fréquents, et la violence scolaire conduit à un décrochage massif, compromettant ainsi l'avenir éducatif et professionnel de ces jeunes filles.
La cyberviolence, touchant près de 282 000 victimes, concerne 29,4 % des jeunes filles âgées de 15 à 19 ans. Cette forme de violence se déploie sur les réseaux sociaux, dans les messageries privées et les jeux en ligne. Perpétrée principalement par des hommes anonymes, la cyberviolence s'attaque souvent aux jeunes filles issues de foyers dirigés par des femmes ou de celles engagées dans le monde professionnel. Cette violence électronique prend des proportions inquiétantes, ajoutant une dimension insidieuse à la maltraitance des jeunes filles dans un monde de plus en plus connecté.
Le rapport souligne également la pratique des mariages précoces, qui touche 63,2 % des jeunes filles mariées ou divorcées. Ce chiffre grimpe à 67,2 % en milieu rural. Souvent motivés par des logiques économiques et sociales, ces mariages exposent les jeunes filles à des risques accrus de violences conjugales. Le mariage précoce, loin d’être une solution, devient un piège qui enferme les filles dans des relations abusives, limitant leurs droits et leur autonomie.
L’une des raisons de la persistance de ces violences est la perception sociale encore dominante. Près de 40 % des jeunes filles estiment que la violence conjugale relève de la sphère privée, et 18,4 % croient qu’il faut parfois la supporter pour préserver la famille. Ces attitudes reflètent une culture du silence et une normalisation de la violence, alimentée par des traditions patriarcales, un manque de ressources et une inaction sociale.
Les données du rapport révèlent que l'autonomie économique et éducative est un facteur clé pour réduire l'exposition des jeunes filles à la violence. Les filles ayant accès à un revenu ou une activité professionnelle sont beaucoup moins vulnérables. Il devient donc essentiel d’investir dans l’éducation des filles, l'accès à l’emploi, et la lutte contre les stéréotypes de genre pour prévenir les violences. La sensibilisation dès le plus jeune âge, ainsi que des actions concrètes pour briser la culture du silence, s’imposent comme des leviers indispensables pour éradiquer ce fléau.
Le Maroc a fait des progrès, mais l’ampleur de la violence exige une mobilisation nationale urgente. Les familles, les écoles, les médias, les institutions judiciaires et les autorités doivent parler d'une seule voix pour casser le tabou de la violence faite aux jeunes filles. C’est l'avenir de la société marocaine qui est en jeu, car en protégeant les filles d’aujourd'hui, on construit une société plus égalitaire et plus juste pour demain.
Chiffres-clés de la violence envers les filles (15-19 ans)
- 70,7 % ont subi une forme de violence en 12 mois
- 59,4 % dans le cadre domestique (famille ou couple)
- 25,3 % dans les établissements scolaires
- 29,4 % victimes de cyberviolence
- 23,3 % victimes de violence sexuelle
- 63,2 % mariées avant 18 ans
- 42 % ont subi de la violence dès l’enfance
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