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Washington : la peur s’invite dans les cuisines
À Washington, l’arôme des pizzas de Pupatella s’est vu soudainement remplacé par la tension et l’inquiétude. En ce lundi 6 mai, des agents armés du ministère de la Sécurité intérieure ont fait irruption dans l’un des établissements de la chaîne, exigeant les permis de travail des employés. Sans mandat ni documents officiels, ils ont été priés de quitter les lieux. Ce n’était que le début d’une série de visites qui allaient secouer la capitale américaine et semer le trouble dans le secteur de la restauration.
Dans les jours qui ont suivi, près de 190 personnes en situation irrégulière ont été interpellées, et 187 entreprises locales ont reçu des avis d’inspection, selon un communiqué de l’ICE (Immigration and Customs Enforcement). Bien que ces opérations s’inscrivent dans une politique fédérale déjà annoncée, leur brutalité et leur soudaineté ont ravivé l’anxiété chez les restaurateurs.
Un climat de peur et d’incertitude
« Ces interventions violentes choquent nos employés. Elles sont vécues comme des attaques », explique Natasha Neely, vice-présidente de Pupatella. Loin d’être isolée, l’expérience de ce restaurant reflète une atmosphère généralisée de peur dans la communauté des restaurateurs.
L’administration Trump, fidèle à ses engagements anti-immigration, continue de frapper fort, ciblant notamment les travailleurs sans-papiers, souvent indispensables à l’économie locale. « Les sans-papiers sont le pilier de notre industrie », affirme Shawn Townsend, président de l’Association des restaurateurs de Washington (RAMW). Selon lui, leur marginalisation provoque non seulement une injustice humaine, mais aussi un déséquilibre économique majeur.
Des répercussions directes sur l’emploi
Depuis ces descentes, plusieurs employés n’osent plus se présenter à leur poste. La peur d’être arrêtés ou expulsés les pousse à se cacher, laissant les restaurateurs démunis. « Certains jours, je n’ai pas assez de personnel pour ouvrir », témoigne anonymement un propriétaire de restaurant. Il craint des sanctions, des amendes, voire la prison, mais déclare ne pas pouvoir fournir aux autorités les informations demandées, souvent sans base légale claire.
Les experts alertent déjà sur une pénurie imminente de main-d’œuvre. Une étude du cabinet Littler Mendelson PC révèle que près de 60 % des cadres d’entreprises redoutent les effets des politiques migratoires actuelles sur leurs capacités à recruter. Le secteur de la restauration, mais aussi ceux de la construction, de l’agriculture et des services, sont particulièrement vulnérables.
Une riposte organisée mais limitée
Face à ces pressions, la RAMW tente de soutenir ses membres. Des formations sur les formulaires I-9 – essentiels pour la vérification des autorisations de travail – sont désormais proposées aux employeurs. L’objectif : se préparer légalement et administrativement, et protéger au mieux les employés.
Mais pour nombre de professionnels, ces mesures ne suffisent pas à apaiser les craintes. Le simple fait qu’un agent fédéral armé puisse pénétrer dans un commerce, parfois sans mandat, renforce l’impression d’un climat de chasse aux sorcières.
Un secteur en alerte
Ce que révèlent ces opérations, au-delà des chiffres, c’est l’immense précarité dans laquelle travaillent de nombreux étrangers aux États-Unis. Employés souvent invisibles, mais indispensables, ils sont aujourd’hui pris dans l’étau d’une politique migratoire rigide. Pour les restaurateurs de Washington, la question n’est plus seulement juridique ou administrative : elle est existentielle. Car sans ces travailleurs, c’est tout un pan de l’économie locale qui vacille.
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