Le Maroc, le Gaz et les théories du complot : Quand les médias s'emballent
Des médias espagnols et algériens se sont récemment lancés dans une enquête digne de James Bond, en soupçonnant le Maroc de tirer les ficelles de l'offre publique d'achat (OPA) du groupe émirati TAQA sur la société gazière Naturgy. Selon eux, cette opération serait une manœuvre du royaume chérifien pour mettre la main sur le gaz algérien.
El Confidencial Digital, un média espagnol, a ainsi affirmé que "le Maroc espère tendre davantage le choc diplomatique entre l'Espagne et l'Algérie" en profitant de cette opération. Le média rappelle que la société Naturgy contrôle 50% du gazoduc Medgaz, qui alimente directement l'Espagne en gaz depuis l'Algérie, et que l'autre moitié est détenue par le groupe Sonatrach. La société publique algérienne est également présente dans le tour de table de Naturgy avec 3,85% des actions.
De leur côté, des médias algériens, comme Echoroukonline et La Patrie news, ont également évoqué une "flagrante manœuvre maroco-émiratie" destinée à s'emparer de Naturgy. Ils estiment que l'objectif serait de contourner les avertissements de l'Algérie à Madrid et d'approvisionner le Maroc en gaz algérien après le rachat du géant espagnol.
Ces soupçons dignes d'un scénario de film d'espionnage interviennent dans un contexte de tensions diplomatiques entre l'Algérie et les Émirats arabes unis, après les attaques acerbes proférées par le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, contre Abou Dhabi. Ce dernier avait accusé les Émirats de financer les zones de tensions, tels le Mali, la Libye et le Soudan, et de "pécher par orgueil".
Face à cette agitation médiatique, le gouvernement espagnol se montre prudent. María Jesús Montero, première vice-présidente du gouvernement et ministre des Finances, a déclaré que "nous souhaitons que d'autres investisseurs puissent rejoindre cette entreprise (Naturgy)", tandis que le ministre de l'Économie, Carlos Cuerpo, a souligné qu'"en Espagne, nous avons une vision très claire concernant la préservation de nos intérêts stratégiques".
Pour l'heure, aucune preuve concrète n'a été apportée pour étayer ces allégations de complot impliquant le Maroc dans l'OPA de TAQA sur Naturgy. Il convient donc de prendre ces informations avec précaution et d'attendre l'évolution de la situation avant de tirer des conclusions hâtives.
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