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Le Maroc trace sa feuille de route pour l’intelligence artificielle
À l’heure où l’intelligence artificielle (IA) s’impose comme l’un des moteurs les plus puissants de la transformation digitale mondiale, le Maroc entame une réflexion stratégique d’envergure pour appréhender les multiples implications de cette technologie. Le rapport parlementaire récemment publié par la Groupe de travail thématique sur l’IA au sein de la Chambre des représentants constitue une étape majeure dans la structuration d’une vision nationale inclusive et ambitieuse. Plus qu’un simple état des lieux, ce document se veut un manifeste pour une intelligence artificielle éthique, souveraine et au service du développement humain.
Un potentiel immense, un encadrement encore embryonnaire
Le rapport dresse un constat clair : si le Maroc a entamé des avancées notables dans plusieurs domaines liés à l’IA – de la dématérialisation des services publics aux applications agricoles intelligentes – il reste encore beaucoup à faire pour inscrire durablement cette technologie dans le tissu économique et institutionnel. Les initiatives restent fragmentées, portées souvent à l’échelle sectorielle, sans stratégie globale unifiée ni mécanismes de coordination interinstitutionnelle.
L’absence d’un cadre législatif spécifique, combinée à une gouvernance encore perfectible, freine l’essor d’un véritable écosystème national de l’intelligence artificielle. En dépit d’une infrastructure numérique en amélioration, le Royaume se situe encore à la traîne sur plusieurs indicateurs internationaux relatifs à l’adoption de l’IA et à la formation de talents spécialisés.
L’IA, entre levier de croissance et menace socio-économique
Le rapport souligne que l’IA est un facteur d’accélération économique incontournable. Utilisée à bon escient, elle permet d’optimiser les processus industriels, de renforcer la compétitivité, d’améliorer les services publics et de soutenir la recherche scientifique. L’exemple du secteur de la santé, avec les diagnostics assistés par IA, ou celui de l’agriculture de précision, montre combien les impacts peuvent être concrets et bénéfiques.
Mais cette même IA pose aussi des défis majeurs. Le remplacement progressif de certains emplois par des systèmes automatisés risque d’aggraver les inégalités socio-économiques, notamment pour les populations les moins qualifiées ou exclues du numérique. Le rapport appelle donc à une stratégie nationale de requalification, centrée sur la montée en compétences, l’intégration du digital dans les cursus scolaires et universitaires, et la promotion de l’apprentissage tout au long de la vie.
Une urgence : la souveraineté numérique
Dans un monde dominé par des puissances technologiques globales, la souveraineté numérique devient un enjeu de premier ordre. Le Maroc est invité à sécuriser ses données, à créer ses propres infrastructures de stockage (cloud souverain, data centers nationaux) et à adopter une gouvernance indépendante de ses ressources numériques.
À cet égard, la mise en place d’une base de données nationale centralisée, respectueuse de la vie privée et conforme aux normes de cybersécurité les plus strictes, est l’une des recommandations phares du rapport. L’objectif est clair : faire de la donnée un levier stratégique pour la décision publique, tout en protégeant les droits des citoyens.
Une gouvernance éthique et anticipative
La réflexion parlementaire accorde une place centrale à l’éthique. Comment éviter que l’IA ne devienne un outil de surveillance de masse ou de manipulation des comportements ? Comment garantir la transparence des algorithmes et la non-discrimination dans les systèmes automatisés ? Autant de questions cruciales qui appellent à l’adoption rapide d’un cadre juridique éthique et évolutif, aligné avec les standards internationaux (notamment les recommandations de l’UNESCO ou du Conseil de l’Europe).
Le rapport propose la création d’une haute autorité stratégique dédiée à l’IA, dotée de pouvoirs de régulation, d’expertise et de veille. Cette instance, indépendante, aurait pour mission d’orchestrer la stratégie nationale, d’assurer la cohérence des politiques publiques et de suivre les avancées scientifiques et technologiques à l’échelle mondiale.
Une IA au service de l’action publique et de la démocratie
Fait notable, le rapport explore aussi les usages possibles de l’IA dans le champ parlementaire. Traduction automatique, traitement des archives, modélisation des impacts de lois, outils d’aide à la rédaction législative : les opportunités sont nombreuses pour moderniser le travail législatif, faciliter l’accès à l’information et renforcer la participation citoyenne.
Dans cette optique, le Parlement marocain est appelé à jouer un rôle moteur, non seulement en tant que législateur, mais aussi comme institution d’expérimentation et de veille éthique sur les usages publics de l’intelligence artificielle.
Une vision marocaine, ancrée dans les valeurs nationales
Enfin, le rapport insiste sur la nécessité d’élaborer une stratégie nationale de l’intelligence artificielle, en cohérence avec le Nouveau Modèle de Développement. Cette vision marocaine doit s’appuyer sur les atouts du Royaume – jeunesse dynamique, ambition panafricaine, stabilité institutionnelle – tout en préservant les fondamentaux de son identité culturelle et spirituelle.
Le Maroc ne veut pas simplement suivre le mouvement technologique mondial, mais aspire à jouer un rôle actif, voire pionnier, sur le continent africain. Dans un esprit de coopération Sud-Sud, le pays peut contribuer à bâtir une IA « à visage humain », porteuse de justice, d’inclusion et de durabilité.
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