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Maroc et Sahel : une recomposition régionale aux implications stratégiques
Le Policy Center for the New South (PCNS) a publié en septembre 2025 une analyse approfondie sur les bouleversements géopolitiques en Afrique de l’Ouest, signée par Alaoui M’hammdi Nezha et Larabi Jaïdi. Intitulé Policy Paper n°35/25, le document revient sur la création de l’Alliance des États du Sahel (AES) par le Burkina Faso, le Mali et le Niger, après leur retrait de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
Selon les auteurs, cette décision ne constitue pas une rupture passagère, mais bien une recomposition structurelle née des limites de la CEDEAO à répondre aux attentes sécuritaires et économiques de ses membres. Les trois pays sahéliens cherchent à consolider leur autonomie militaire, tout en affichant la volonté d’élaborer un nouveau modèle d’alliance et de développement.
Une rupture aux effets multiples
Le retrait de l’AES a révélé les fragilités d’une CEDEAO déjà critiquée pour son incapacité à gérer les crises politiques et sécuritaires. En trois ans, la région a connu six coups d’État militaires, dont celui du Niger en juillet 2023, qui avait entraîné de lourdes sanctions économiques et un fort ressentiment populaire contre l’organisation.
Cette scission remet en cause un demi-siècle d’intégration régionale. Les échanges commerciaux et la libre circulation des citoyens, acquis majeurs de la CEDEAO, pourraient être menacés. Toutefois, la double appartenance des pays sahéliens à l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et à la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) atténue en partie ces risques.
Une recomposition géopolitique sous tension
Au-delà de l’intégration économique, l’AES s’impose d’abord comme une alliance sécuritaire. Les armées du Burkina Faso, du Mali et du Niger ont annoncé la mise en place d’une force conjointe, destinée à remplacer le G5 Sahel, affaibli par sa dépendance aux soutiens extérieurs. Mais la viabilité de ce projet demeure incertaine : ces États, parmi les plus pauvres au monde, peinent à financer leurs efforts militaires, alors même que la violence jihadiste continue de s’intensifier.
Parallèlement, la recomposition attire de nouveaux acteurs. La France, longtemps partenaire dominant, voit son influence reculer au profit de la Russie, qui a renforcé son empreinte militaire, et de la Chine, qui développe des projets miniers et industriels stratégiques dans la région.
Le Maroc face à de nouveaux équilibres
Pour le Maroc, ces mutations représentent à la fois un défi et une opportunité. Rabat, qui avait multiplié les démarches pour rejoindre la CEDEAO, voit ses ambitions régionales fragilisées par la division du bloc. Néanmoins, sa position géographique et ses liens historiques avec le Sahel lui permettent de dialoguer à la fois avec la CEDEAO et l’AES.
Selon le Policy Paper, le Royaume pourrait jouer un rôle clé en renforçant ses relations bilatérales avec les pays de l’AES, notamment dans les domaines sécuritaire, énergétique et commercial. Un accord spécial sur la libre circulation des personnes et des biens est même évoqué comme piste pour éviter l’isolement économique des trois pays sahéliens.
Un avenir incertain
La trajectoire de l’Afrique de l’Ouest reste ouverte. Entre restructuration de la CEDEAO, coexistence pragmatique entre deux blocs ou reconstitution d’un ensemble régional élargi, les scénarios demeurent multiples. Pour Rabat, l’enjeu est de s’adapter à ce nouveau paysage et de se positionner comme un acteur pivot dans la redéfinition des équilibres régionaux.
Ainsi, loin d’être une simple crise institutionnelle, la recomposition sahélienne marque un tournant pour l’Afrique de l’Ouest. Elle oblige le Maroc à ajuster sa diplomatie et à envisager de nouvelles formes de coopération, dans une région où sécurité, économie et politique sont désormais indissociables.