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Sahara marocain et relations franco-marocaines : Un tournant historique avec Macron
La récente visite d'Emmanuel Macron au Maroc a été marquée par une déclaration significative : "Le Sahara est marocain". Ce déplacement, qui s'est inscrit dans le cadre d'une visite d'État, revêt une importance particulière en raison de ses implications politiques et diplomatiques. En effet, ce genre de visite se distingue des autres types de visites par son caractère officiel et ses objectifs stratégiques, notamment le renforcement des relations bilatérales entre la France et le Maroc.
Cette analyse examinera les différentes dimensions de cette visite, en abordant son contexte historique, les tensions qui ont marqué la dernière décennie, ainsi que la manière dont le Maroc est perçu par les autres nations. Nous explorerons également le contenu de cette visite, en mettant l'accent sur les accords signés et le discours de Macron, tout en analysant son impact sur la question du Sahara et les perspectives d'avenir pour les relations entre les deux pays.
Les nations du monde s'engagent dans des échanges de visites entre leurs dirigeants et hauts responsables, afin de renforcer les relations bilatérales. Parmi ces visites, celles qui se déroulent au niveau de la présidence des pays se distinguent par leur caractère rigoureux, axé sur deux aspects principaux : d'une part, la préparation minutieuse du sujet de la visite, qui est coordonnée à un niveau élevé entre les deux parties, et d'autre part, la précision des cérémonies protocolaires, lesquelles doivent mettre en valeur l'importance du président invité et la stature de son pays.
Le protocole diplomatique international impose qu'un programme de travail complet soit préparé à l'avance, afin d'organiser ces visites en réglant tous les détails, y compris le nombre de membres de la délégation et leur niveau protocolaire, le calendrier de la visite, ainsi que ses principales étapes et contenus. Ces détails englobent également les questions de sécurité et de protection des membres de la délégation, sans oublier les arrangements relatifs à l'hébergement, aux services, aux repas, aux hymnes nationaux et aux drapeaux. En outre, les horaires des rencontres et des conférences de presse sont également prévus.
Il est essentiel de comprendre les différentes catégories de visites présidentielles selon les règles du protocole international. La première catégorie, la visite d'État, représente le niveau le plus élevé des échanges entre chefs d'État et de gouvernement. Elle est caractérisée par des cérémonies spécifiques et des programmes distincts, considérés comme l'une des formes les plus significatives de communication internationale dans le domaine du protocole diplomatique. Dans ce contexte, La visite d’État qu’effectue actuellement au Maroc le Président français Emmanuel Macron, à l’invitation de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, avec à la clé la signature de plusieurs accords de coopération couvrant différents domaines, accapare mardi l’attention de la presse hexagonale qui salue un partenariat franco-marocain rénové à la hauteur des défis à venir.
Cette visite revêtait une signification politique importante, empreinte d'une atmosphère de célébration et d'honneur, tant lors de l'accueil que des adieux, avec un strict respect des procédures protocolaires convenues entre les deux parties avant le début de la visite. Elle nécessitait l'organisation d'un déjeuner ou d'un dîner, où le président visiteur était l'invité d'honneur, ainsi qu'un programme d'entretiens et de visites de différents lieux emblématiques. De plus, un salut de 21 coups de canon était tiré en l'honneur de Macron, étant donné qu'il s'agissait d'un président. Il était également prévu qu'il s'adresse à l'assemblée législative, et le tapis rouge qui l'accueillait mesurait généralement 50 mètres de long.
La deuxième catégorie est la visite de travail, parfois appelée "visite officielle". Bien que cette visite ait des cérémonies spécifiques, celles-ci ne s'élèvent pas au niveau de protocole complet observé lors d'une visite d'État, bien qu'elles aient également une importance politique notable. Conçue pour un objectif précis, elle comprend des discussions, des rencontres professionnelles et la signature d'accords bilatéraux. Contrairement à la visite d'État, la visite de travail ne nécessite pas toujours un déjeuner ou un dîner officiel, et il n'y a pas de salves de canon. Le président visiteur peut être accueilli à l'aéroport par des dignitaires d'un rang inférieur à celui du chef d'État hôte. Le tapis rouge pour cette visite mesure généralement 25 mètres de long.
Enfin, la visite privée est une visite effectuée par un chef d'État, un chef de gouvernement ou un ministre pour des raisons personnelles, qui peuvent inclure des affaires privées, des soins de santé ou du tourisme. Ce type de visite ne présente généralement pas de cérémonies protocolaires ou d'honneurs marquants. Dans ce cadre, le tapis rouge qui accueille le président visiteur mesure seulement 10 mètres.
Par conséquent la visite d'État d'Emmanuel Macron au Maroc s’est inscrite dans un nouveau tournant des relations franco-marocaines, après des années de relations tendues et de reports fréquents. Le président français a entamé sa visite lundi, qui se poursuivra jusqu'à mercredi, marquant ainsi une tentative de rétablir des liens solides entre les deux pays. Ce rapprochement a été préparé par la France, laquelle a récemment déclaré son soutien à la proposition de plan d'autonomie pour le Sahara, considérée comme la seule base d'une solution politique. Ce message a été officiellement transmis par le président Macron au roi Mohammed VI en juillet dernier.
Cette visite est considérée comme un moment historique dans les relations entre la France et le Maroc, sur fond de tensions persistantes pendant près d'une décennie. La dernière visite d'État d'un président français au Maroc remontait à 2013, sous François Hollande. Macron, quant à lui, a déjà visité Rabat à deux reprises : une fois lors de son élection et une autre lors du lancement du train à grande vitesse "Al-Boraq" en 2018.
Accompagné de son épouse Brigitte Macron, le président français avait dirigé un important groupe officiel de plus de 100 personnes, comprenant des membres de son gouvernement, tels que le ministre de la Défense, de l'Intérieur, de l'Économie, de l'Agriculture, de l'Éducation, de la Culture, ainsi que des parlementaires, anciens ministres, hommes d'affaires, intellectuels, artistes, sportifs, journalistes et acteurs de la société civile.
Au cours de la première journée de la visite, Macron avait rencontré le roi Mohammed VI pour des discussions bilatérales, suivies de la signature d'accords dans des domaines tels que la sécurité, l'énergie, l'eau et l'éducation. Le programme avait également inclus des rencontres avec le chef du gouvernement, les présidents des deux chambres du parlement marocain, des intellectuels et des étudiants marocains. De plus, le président Macron avait prononcé un discours au parlement marocain mardi.
Cette visite était intervenue après une période de tension accrue entre les deux nations, marquée par des accusations de surveillance du président français par le Maroc, une réduction des visas accordés aux Marocains, ainsi que la fin du mandat de l'ambassadeur marocain à Paris sans remplacement. En outre, le Maroc avait récemment refusé l'aide de plusieurs pays, y compris la France, à la suite du tremblement de terre qui avait frappé la région d'Al-Haouz. L’analyse des relations entre la France et le Maroc avait révélé un partenariat qui, avant la crise, ne répondait pas aux attentes marocaines. Ce déséquilibre était accentué par une dynamique dans laquelle la France semblait chercher à maximiser ses bénéfices sans offrir d'avantages réciproques, engendrant ainsi une ambiguïté dans leurs interactions.
Parallèlement, les transformations géostratégiques des dernières décennies ont mis en lumière l'incapacité de la France à s’adapter aux évolutions rapides du continent africain, conduisant à une érosion de son influence dans ses anciennes colonies. En revanche, le Maroc a habilement capitalisé sur ces changements, consolidant sa position sur la scène africaine et gagnant la confiance de divers partenaires. Cette dynamique stratégique lui permet désormais de rivaliser avec la France dans certaines de ses zones d'influence, témoignant d’un nouveau rapport de force sur le continent.
Ce contexte a suscité une inquiétude croissante en France, incitant le pays à mener une campagne injustifiée contre le Maroc, en l'accusant de pratiques d'espionnage et en introduisant des obstacles au sein du Parlement européen, tout en durcissant les conditions d'obtention de visas pour les Marocains. Cependant, après une décennie de tensions et de jeux de pouvoir, la France a compris que continuer sur cette voie lui serait préjudiciable, surtout face à la détermination du Maroc à faire valoir ses droits légitimes en faveur d'un partenariat équilibré et équitable, comme l'explique l'analyste politique.
L'académicien souligne que Rabat aspire à une nouvelle étape dans ses relations avec Paris, évolution que la France a finalement adoptée, comme en témoigne l'annonce de son nouveau positionnement concernant la question du Sahara. Paris s'efforcera de concrétiser cette nouvelle approche à travers des mesures qui favoriseront l'établissement de relations plus équilibrées. Dans cette perspective, il est probable que la France reconsidère les conditions de l'accès des Marocains à son territoire et mette un terme aux obstacles rencontrés par les étudiants marocains désireux d'y poursuivre leurs études.
En conséquence, la visite de Macron au Maroc représente une opportunité cruciale pour l'avenir des relations entre les deux pays. Il est essentiel que cette nouvelle dynamique soit maintenue, afin de répondre aux attentes mutuelles et de contribuer à une coopération plus équilibrée et bénéfique pour les deux nations. En conclusion, la visite d'État d'Emmanuel Macron au Maroc n'est pas seulement un événement diplomatique, mais également un symbole de la volonté des deux pays de tourner la page d'un passé tumultueux et de construire un avenir commun basé sur le respect mutuel et l'intérêt partagé.
Hajar OUMOUSSA