Mali : tensions autour de l’or entre le conseil militaire et barrick gold
Au Mali, la tension monte d’un cran entre les autorités de transition et le groupe canadien Barrick Gold, exploitant l’un des plus grands complexes aurifères du pays. Depuis le week-end dernier, les militaires maliens ont entamé une saisie des stocks d’or présents sur le site de Lolo-Gonkoto, dans l’ouest du pays, une démarche qui résulte d’un différend persistant sur le partage des revenus issus de l’extraction aurifère.
Selon une source industrielle et sécuritaire, le conflit couvait depuis plusieurs mois entre les autorités maliennes et Barrick Gold, propriétaire majoritaire du complexe avec 80 % des parts, contre 20 % pour l’État malien. Le litige porte principalement sur la répartition des profits générés par cette exploitation stratégique pour l’économie nationale.
Un contexte sous tension
La saisie a débuté samedi, quelques jours après l’émission d’un ordre officiel par les autorités maliennes. Un responsable de la sécurité, ayant requis l’anonymat, a rapporté que des forces armées ont été déployées sur le site, soutenues par un hélicoptère, pour assurer le bon déroulement de l’opération de confiscation.
Le groupe Barrick Gold, qui emploie près de 8 000 personnes et collabore avec de nombreux prestataires locaux, avait pourtant adressé un ultimatum aux autorités maliennes. Il avait prévenu qu’il suspendrait ses activités si les cargaisons d’or, bloquées depuis plus de sept semaines, n’étaient pas libérées.
« Nous avons été forcés de réagir face à des pratiques jugées injustes dans le partage des revenus miniers », explique un proche du dossier au sein du gouvernement malien. Cette action fait suite à l’arrestation de quatre employés financiers de Barrick Gold fin novembre et à l’émission de mandats d’arrêt en décembre contre deux dirigeants du groupe, accusés de blanchiment d’argent.
Un secteur essentiel pour le Mali
Le Mali, troisième producteur d’or en Afrique, dépend fortement de cette ressource qui représente environ 75 % de ses recettes d’exportation et 25 % de son budget national. Dans un contexte de crise sécuritaire marqué par la lutte contre le djihadisme et des tensions internes, la pression sur les entreprises minières étrangères s’accroît.
Cette escalade intervient alors que le gouvernement de transition, mis en place après le coup d’État de 2020, cherche à augmenter les recettes publiques pour financer ses programmes. Cependant, cette stratégie pourrait ébranler la confiance des investisseurs étrangers, essentiels au développement économique du pays.
Vers une solution de sortie de crise ?
Si Barrick Gold maintient sa menace de suspendre ses opérations, l’impact économique pourrait être considérable. Plusieurs observateurs appellent à une médiation rapide entre les parties pour éviter une crise prolongée qui nuirait à la fois à l’économie malienne et aux intérêts des partenaires internationaux.
Dans un pays où le métal jaune joue un rôle vital, la gestion de ce conflit constituera un test crucial pour la transition en cours et pour sa capacité à concilier souveraineté nationale et attractivité économique.