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Tunnel Maroc-Espagne : La relance d'un projet historique


Lundi 12 Août 2024 - 08:11

Vers un lien ferroviaire entre l'Afrique et l'Europe : Le projet de tunnel Maroc-Espagne reprend vie

Le rêve de relier l’Afrique et l’Europe par rail pourrait devenir réalité d’ici 2050, grâce à la relance du projet de tunnel sous-marin entre le Maroc et l’Espagne. Ce projet, longtemps discuté, a récemment gagné en dynamisme après la visite du ministre espagnol des Transports, Óscar Puente, à Rabat en mars 2024. Puente a exprimé sa volonté de faciliter rapidement une rencontre entre une entreprise espagnole et une société marocaine pour avancer dans les études nécessaires à la réalisation de cette infrastructure colossale.

Lancé en 1989, le projet ambitionne de connecter les deux rives de la Méditerranée via le détroit de Gibraltar, rappelant le tunnel sous la Manche qui relie la France à la Grande-Bretagne. Cependant, les défis techniques sont ici bien différents, et les débats sur la faisabilité du projet restent vifs parmi les experts, alors que les études de terrain sont relancées.

Un chantier titanesque à 30 milliards d’euros

Le coût et l’ampleur du projet constituent des obstacles majeurs à sa réalisation. Il y a trente ans, une estimation plaçait le coût du tunnel à environ 13 milliards d’euros. Aujourd’hui, ce chiffre pourrait facilement doubler. Les relations souvent tendues entre l’Espagne et le Maroc, exacerbées par le conflit autour du Sahara marocain, ont également freiné le projet.

Toutefois, le changement de position de l’Espagne sur le Sahara marocain, officialisé au printemps 2023, a insufflé un nouvel élan à ce projet stratégique pour les deux pays, mais aussi pour l’Europe et l’Afrique. L’ancien ministre espagnol Pedro Sánchez, à l’origine de ce réchauffement diplomatique, avait souligné en février 2023, lors d’une réunion à Rabat, l’importance de cette infrastructure pour les deux continents.

Un tunnel capable de transporter des millions de passagers et de tonnes de marchandises

Initialement conçu pour un simple passage d’une rive à l’autre, le projet a évolué pour devenir une infrastructure plus ambitieuse, connectée aux réseaux ferroviaires des deux pays. Il pourrait ainsi absorber un important flux de fret et de passagers, garantissant ainsi sa rentabilité. L’ajout de câbles de communication, de réseaux électriques, voire de systèmes permettant d’exploiter les courants marins pour produire de l’énergie, pourrait également contribuer à l’équilibre financier du projet.

Avec un double tunnel ferroviaire de 38,7 kilomètres de long, dont 27,7 kilomètres situés à 100 mètres de profondeur, la version de 1995 prévoyait un trajet d’environ 30 minutes entre les deux continents. Selon des prévisions, la demande en 2050 pourrait atteindre près de 13 millions de passagers et 13 millions de tonnes de marchandises par an. Si ce projet pharaonique voit le jour, il marquera l’histoire des communications entre l’Afrique et l’Europe, bien que sa réalisation pourrait s’étendre sur trois décennies.


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