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Justice sociale au Maroc : entre idéal et réalité
Au Maroc, la question de la justice sociale reste un enjeu central du débat public. Si la Constitution consacre les principes d’égalité et de liberté, leur traduction concrète dans la vie quotidienne demeure un défi majeur. Entre aspirations proclamées et conditions réelles, la construction d’une société plus équitable interroge autant la cohérence des politiques publiques que l’engagement collectif.
La justice sociale, concept à la fois noble et complexe, constitue aujourd’hui un sujet de réflexion incontournable pour les décideurs et les citoyens. Sur le papier, elle vise à équilibrer les droits individuels avec la cohésion sociale. Dans les faits, elle se heurte à des inégalités persistantes et à des mutations économiques rapides. C’est dans cet espace, entre principes et mise en œuvre, que se joue le véritable défi d’une démocratie moderne, souligne le Policy Brief du chercheur Larabi Jaïdi, publié par le Policy Center for the New South (PCNS).
Selon cette analyse, l’égalité est au cœur de la justice sociale, mais reste un concept souvent ambigu. Faut-il la concevoir comme uniformité des conditions ou comme équité dans l’accès aux opportunités ? Ce débat, loin d’être purement théorique, influence directement les décisions publiques. Dans un régime démocratique, la politique consiste à définir ce qui doit être égal et ce qui peut légitimement demeurer inégal, explique Jaïdi. Or, dans la pratique, cette réflexion se limite trop souvent à des réponses ponctuelles aux revendications sociales, générant un cycle de frustration et de désillusion.
Les périodes de tension sociale révèlent crûment les fractures existantes, mais ces questions disparaissent souvent des débats dès le retour à un quotidien plus calme. Pour Jaïdi, la justice sociale ne peut se contenter d’être une priorité à la carte : elle exige une approche continue, structurée et de long terme.
L’exigence de justice est double : économique, car il est impossible de concevoir des politiques cohérentes sans comprendre le lien entre égalité et équité ; politique, car la démocratie repose sur des principes capables de prévenir les fractures sociales. La justice sociale n’est pas un luxe moral, elle est une condition indispensable à la stabilité du pacte social.
Au Maroc, les inégalités territoriales, les déséquilibres dans l’accès aux services publics et les mutations économiques accentuent le sentiment d’injustice. Selon le chercheur, la société se scinde en deux : d’un côté, ceux qui bénéficient pleinement de leurs droits et opportunités, de l’autre, ceux pour qui l’égalité reste théorique. Cette perception alimente la défiance envers l’État et ses institutions, influençant les comportements sociaux et la confiance dans la sphère publique.
Pour dépasser ce constat, Jaïdi insiste sur la nécessité de réformer le système de protection sociale et de renforcer la solidarité collective, face aux vulnérabilités croissantes liées à la mondialisation et à la concentration du capital. Les politiques publiques doivent réinterpréter et appliquer concrètement les principes de liberté, d’égalité, de justice et de responsabilité. Selon lui, il n’existe pas de modèle universel : seule la volonté politique peut transformer ces principes en réalités tangibles.
Un autre risque majeur demeure la banalisation des grands principes. À force d’être évoqués dans les discours, des notions comme « égalité », « liberté » ou « justice » peuvent perdre leur substance et devenir de simples slogans. Les réactiver par des actes concrets et des politiques publiques effectives est essentiel pour redonner du sens à la justice sociale.
Redonner vie à ces idéaux suppose également de reconnaître la responsabilité de tous : l’État dans la redistribution, les entreprises dans la solidarité et les citoyens dans l’engagement civique. Si l’égalité reste un horizon, elle peut être atteinte par des réformes continues, une écoute attentive des citoyens et une gouvernance fondée sur l’équité.