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Espagne : Quand la désinformation attise la haine anti-immigrés
Dans la petite ville de Torre Pacheco, au sud-est de l’Espagne, une agression isolée a suffi à embraser les tensions communautaires, révélant une réalité plus profonde : le rôle grandissant de la désinformation dans la propagation des discours anti-immigration. Le 9 juillet, un retraité de 68 ans affirme avoir été agressé par trois jeunes d’origine maghrébine. Rapidement, les faits sont détournés sur les réseaux sociaux, où de fausses vidéos et des noms erronés circulent, envenimant les esprits.
Deux jours plus tard, une manifestation contre « l’insécurité » organisée par la mairie — dirigée par le Parti Populaire (droite) — vire à l’émeute. Des groupes d’extrême droite infiltrent le cortège, scandant des slogans hostiles aux immigrés. Le calme ne revient pas immédiatement : plusieurs nuits de tensions, 14 arrestations, et la présence notable de figures de l’ultradroite, dont Christian L., leader du groupuscule « Deport Them Now ! », arrêté pour incitation à la haine.
Derrière cette flambée, un facteur central : le flux ininterrompu de contenus mensongers en ligne. Selon Alexandre López Borrull, professeur en sciences de l’information, la désinformation agit comme un « combustible », alimentant un récit anti-immigrés qui progresse lentement dans l’opinion, mais qui peut s’embraser à tout moment au contact d’un événement.
La sociologue Elisa Brey établit une analogie saisissante : « Comme un feu de forêt pendant une canicule. Il suffit d’une allumette. » Telegram, TikTok, X (ex-Twitter)… les plateformes servent de caisse de résonance à des récits simplistes mais puissants, souvent amplifiés par les déclarations de figures politiques comme celles du parti d’extrême droite Vox.
Pour Marcelino Madrigal, expert en cybersécurité, la désinformation devient une arme politique, un levier pour affaiblir la confiance dans les institutions et proposer une vision alarmiste du pays, souvent détachée de la réalité. Dans un climat politique tendu, où des rumeurs d’élections anticipées circulent, ces manipulations peuvent orienter l’agenda médiatique et électoral.
Torre Pacheco n’est pas un cas isolé. C’est un signal d’alarme : à l’ère numérique, un simple mensonge viral peut fracturer une ville, nourrir la haine et instrumentaliser la peur pour des intérêts politiques. La question n’est plus seulement de surveiller les fake news, mais de comprendre comment elles s’enracinent dans les failles sociales, et comment y résister.