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Manuels scolaires 2025 : un marché en crise
À l’approche de la rentrée, le même scénario se répète : files d’attente interminables devant les librairies, parents déboussolés, éditeurs sous pression et imprimeurs contraints de jongler entre pénuries et hausses de coûts. En 2025, le marché du manuel scolaire marocain demeure l’un des points les plus sensibles du système éducatif, révélant ses fragilités structurelles.
Des manuels pionniers sous tension
Au centre des débats figurent les ouvrages des « écoles pionnières », censés incarner l’ambition pédagogique de la réforme éducative. Mais leur prix, fixé par l’État, crée la polémique. Certains manuels de français sont vendus à 4 dirhams, un tarif inférieur à celui d’un simple cahier de 50 pages. À ce niveau, ni les imprimeurs ni les libraires ne couvrent leurs frais.
Pourtant, les professionnels du secteur estiment que cette étape est nécessaire afin de construire une industrie nationale capable de concurrencer les importations massives d’ouvrages scolaires. Pendant longtemps, près de 80 % des impressions étaient réalisées à l’étranger, grevant la balance commerciale et fragilisant l’écosystème local.
Une distribution chaotique
À la contrainte des prix s’ajoute celle des délais. De nombreux libraires annoncent qu’il faudra attendre plusieurs semaines avant que les manuels ne soient disponibles partout dans le Royaume. La marge réduite – environ 30 dirhams par carton – combinée à des frais logistiques élevés, rend leur distribution inégale, accentuant les disparités entre grandes villes et zones rurales.
Le privé, un marché incontrôlé
Alors que les manuels des écoles publiques sont régulés, le secteur privé échappe en grande partie à tout contrôle. Certains établissements imposent à leurs élèves des ouvrages inspirés des programmes marocains ou étrangers, vendus à des prix exorbitants. Un manuel coûtant 35 dirhams à produire peut ainsi se retrouver à plus de 300 dirhams en librairie.
Les missions étrangères ne sont pas épargnées : près d’un quart des manuels importés accusent un retard de livraison, si bien que la totalité des ouvrages n’arrive parfois qu’à la fin septembre.
Concurrence déloyale et appel à la régulation
Un autre sujet de discorde réside dans la vente directe par certaines écoles, pourtant interdite par les académies. Cette pratique, fréquente dans l’axe Casablanca–Rabat, prive les libraires d’une partie de leurs revenus et accentue la tension dans le secteur.
Face à cette situation, plusieurs acteurs réclament une régulation stricte et l’affichage obligatoire des prix sur chaque manuel, comme cela se fait dans d’autres pays.
Une filière stratégique en quête de visibilité
Le Maroc compte environ 8.500 établissements privés, scolarisant plus d’un cinquième des élèves du pays. En 2022, les importations de livres francophones ont atteint 22 millions d’euros, dont près de la moitié destinée aux manuels scolaires. Le Royaume figure ainsi parmi les plus gros importateurs mondiaux dans ce domaine, tout en disposant d’un marché local estimé à 340 millions de dirhams par an.
Mais faute de statistiques fiables et d’un encadrement clair, la filière reste désorganisée. Pour de nombreux observateurs, la pérennité des « écoles pionnières » ne peut être assurée que par un pilotage ferme de l’État, afin d’éviter que des logiques purement commerciales ne creusent davantage les inégalités scolaires.