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Fruits et légumes : les produits marocains gagnent du terrain en Espagne
En l’espace de trois mois, les produits agricoles marocains ont connu une percée remarquable sur le marché espagnol. Entre janvier et mars 2025, les importations espagnoles de fruits et légumes en provenance du Maroc ont bondi de 24 % en volume et de 23 % en valeur, atteignant respectivement 188.000 tonnes et 481 millions d’euros. Cette dynamique, portée principalement par la tomate, le poivron et les haricots verts, ne cesse d’inquiéter les agriculteurs espagnols.
La tomate marocaine domine désormais les importations avec plus de 32.300 tonnes expédiées vers l’Espagne, soit une progression significative par rapport aux 24.000 tonnes enregistrées sur la même période l’an dernier. Sa valeur marchande est passée de 33 à 52 millions d’euros, consolidant sa place en tête des produits marocains les plus consommés sur le sol ibérique.
Le poivron suit de près avec 32.000 tonnes, tandis que les haricots verts, malgré un léger recul, conservent une présence notable avec 19.000 tonnes. Les exportations marocaines s’étendent également à d'autres marchés européens : l’Union européenne a importé, en trois mois, des fruits et légumes marocains pour une valeur en hausse de 14 %, selon Eurostat.
Du côté des fruits, les avocats marocains enregistrent une progression spectaculaire, avec des volumes ayant doublé en un an pour atteindre 62.000 tonnes. Une croissance qui témoigne de l’attrait grandissant des produits marocains, perçus comme compétitifs tant en termes de qualité que de prix.
Colère dans le secteur agricole espagnol
Face à cette montée en puissance, les producteurs espagnols s’estiment lésés par une concurrence jugée déloyale. Ils dénoncent l’écart entre les normes imposées aux agriculteurs européens en matière de sécurité sanitaire, d’environnement et de droit du travail et celles appliquées aux importations en provenance de pays tiers comme le Maroc.
La Fédération espagnole des producteurs exportateurs de fruits et légumes (FEPEX) tire la sonnette d’alarme. Elle critique le manque d'efficacité des mécanismes de régulation commerciale européens, notamment les prix d’entrée établis dans l’Accord d’association UE-Maroc, qu’elle considère comme obsolètes. Ces seuils tarifaires seraient aujourd’hui trop bas pour protéger la production locale face à la compétitivité marocaine.
Une tendance qui s’installe
Alors que les tensions agricoles s’intensifient en Europe, la montée des exportations marocaines semble s’inscrire dans la durée. S’appuyant sur un climat favorable, une main-d’œuvre compétitive et des infrastructures logistiques en amélioration, le Royaume consolide sa place de fournisseur incontournable de fruits et légumes pour le Vieux Continent. Une évolution qui, si elle profite au commerce, pose aussi la question de l’équilibre entre ouverture économique et souveraineté agricole.
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